Place d’Espagne, lieu de rencontre des romains
Située dans un quartier chic de la Ville Éternelle, où se trouvent toutes les boutiques de luxe avec la Via Condotti, la place d'Espagne est aujourd’hui le point de rendez-vous obligé des amoureux, qu’ils soient touristes ou romains.
Table des matières
La point de rendez-vous romain
Impossible de la rater, cette fameuse place. La richesse de son Histoire et de ses monuments, la jolie vue que l’on peut y avoir mais surtout la facilité d’accès en ont fait l’un des lieux les plus fréquentés de la capitale italienne.
J’ai l’habitude de regarder un peu, avant d’écrire un article, les commentaires que l’on a pu faire sur un endroit, dans les principaux sites de guides touristiques. Il y a une critique qui revient souvent, principalement de la part de touristes américains : cet endroit est surcoté. C’est vrai qu’on vend peut-être à l’étranger une certaine idée de la Place d’Espagne qui pourrait induire en erreur le touriste moyen. Beaucoup s’imaginent qu’ils vont trouver ici quelque chose de monumental, de gigantesque par ses proportions, coupant le souffle de ceux qui passent par ici. Ce sentiment, cette attente peut être renforcée par les autres monuments de la ville, il suffit de penser à la Cathédrale de Rome pour le comprendre…
Mais ce n’est pas de cette monumentalité là qu’est faite la Place d’Espagne, même si il s’agit tout de même de l’escalier monumental le plus large d’Europe. Si un touriste, habitué à la démesure des constructions en béton armé, recherche ici quelque chose d’aussi grand, il sera sans doute déçu. Ici, ce n’est pas la quantité, mais la qualité de ce qu’on y vit qui importe. Pour cela, il faut avoir un minimum de connaissances au préalable pour pouvoir profiter pleinement de toutes ces vieilles pierres, qui sont bien plus que de simples constructions. La Place d’Espagne a par ailleurs une signification toute particulière pour les espagnols, bien entendu, mais également pour les français, comme nous allons le voir…
Une place touristique, avec ses défauts
Soyons clair : cette place si charmante a tous les défauts d’un endroit très touristique. C’est bondé de monde, il y a des vendeurs à la sauvette de gadgets pour touristes, et tout un écosystème de business autour du touriste fortuné ne sachant que faire de son argent. Ce coté là, il faut savoir en faire abstraction. C’est un premier exercice à faire, que l’on pourra ignorer si on se concentre sur l’Histoire. Situé idéalement dans la ville, avec le métro Spagna, la Piazza di Spagna (Place d’Espagne en italien) profite (ou souffre selon les points de vue) de sa situation privilégiée. C’est facile pour un romain de donner rendez-vous ici, pour après repartir ailleurs.
Un petit bout d’Espagne…
La Place d’Espagne tire son nom de l’Ambassade d’Espagne auprès du Saint-Siège, le Palais d’Espagne, remplaçant son ancien nom de « Place de la Trinité ». L’Ambassade d’Espagne « classique » se trouve ailleurs dans la ville. Cet espace appartenait à la Couronne d’Espagne, et c’étaient les lois du pays de Cervantès qui y avaient cours, comme un bout d’Espagne en pleine Rome. France et Espagne se sont longtemps disputées cette place, et les deux pays y ont laissé leurs marques. Les espagnols décidèrent d’installer leur ambassade sur la Place en 1620, dans un bâtiment modifié à l’occasion par Antonio del Grande, en collaboration avec Francesco Borromini. La place et ses environs étaient ainsi contrôlés par les espagnols, qui le géraient comme un bout d’Espagne, avec ses soldats et son administration propre.
… mais aussi de France
Avant l’Espagne, on l’aura compris, c’était surtout la France qui dominait cet endroit. L’église de la Trinité des Monts, située tout en haut de l’escalier monumental, a vu sa construction débuter au XVIe siècle, à la demande du roi Louis XII, aux cotés d’un monastère. La construction actuelle remplaça le projet initial, qui devait être semble-t-il, gothique, et fut consacrée finalement en 1585. Cette église est la propriété de l’Etat Français, qui doit en assurer l’entretien, tout comme pour l’église de Saint-Louis des Français ou de la Villa Médicis, toute proche. L’obélisque que l’on peut voir en face de l’église n’est pas égyptienne, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Il s’agit d’une reproduction de l’époque antique qu’on a placée devant l’église en 1789 sur décision de Pie VI. Cette obélisque était originellement dans les jardins de Salluste, et avait eu pour modèle le grand obélisque du Circus Maximus. La fleur de lys que l’on peut voir au sommet de l’obélisque est un hommage aux français de la part du pape Pie VI.
Fontaine Barcaccia
La fontaine que l’on peut voir en face de l’escalier, la Fontaine Barcaccia, fut construite en 1629, à la commande du pape Urbain VIII. C’est le père du Bernin, Pietro Bernini qui réalisa ce chef d’œuvre, en forme de barque, comme son nom le suggère. Cette forme de barque est un rappel de l’inondation de Rome en 1598, quand Clément VIII du traverser la place dans une barque. On reconnaitra sur la sculpture baroque des éléments du blason familial d’Urbain VIII, les Barberini, avec des soleils et des abeilles. « Barcaccia » veut dire en italien « vieille barque ».
La France avait pour volonté de relier son « quartier » à l’actuelle place d’Espagne, un besoin auquel fut longtemps opposés les papes, qui ne voulaient pas que la France exerce encore plus son influence à Rome. La construction du Port de Ripetta sur les bords du Tibre en 1707 apportera un développement à la ville qu’il n’était plus possible d’ignorer : la construction de la liaison entre la « Piazza della Trinita dei Monti » et la « Piazza di Spagna » pouvait commencer, en remplacement de l’ancienne rampe de bois.
La Scalinata
L’escalier monumental de 138 marches, la Scalinata, construit de 1723 à 1726 à la demande du cardinal Pierre Guérin de Tencin, est l’œuvre du jeune architecte du baroque tardif, Francesco De Sanctis, accepté aussi bien par le pape que par les français. L’escalier, tout en travertin, descend sur trois niveaux, venant de l’église comme si d’une cascade il s’agissait, entre deux manoirs, pour finir sur la Barcaccia. La construction fut financée par le don que fit l’ambassadeur français Etienne Gueffier sur son testament et un don du roi de France Louis XV. Il faut savoir qu’au début, il était prévu de faire une statue équestre de Louis XIV, ce qui explique sans doute la fureur papale, ainsi que les retards pour débuter les travaux…
En regardant l’église, nous avons à droite l’ancienne résidence des poètes britanniques Keats et Shelley, et à gauche, le plus ancien salon de thé de Rome, le Babington’s Tea Room, fondé en 1893 par deux anglaises de bonne famille : il y avait beaucoup de Britanniques dans le quartier au XIXe siècle. En 1854, le pape Pie IX fait ériger la Colonne de l’Immaculée sur la Place Mignanelli, qui prolonge la Place d’Espagne, juste en face de l’Ambassade espagnole. On trouve également sur la place le siège de l’Ordre de Malte et le Palais di Propaganda Fide, une œuvre du Bernin et de Borromini.
Si il faut choisir un moment de l’année particulier pour venir voir la Place d’Espagne, je dirais sans hésiter au Printemps, lorsque les marches sont décorées d’innombrables azalées ! Les fleurs donnent cette atmosphère particulière au monument italien, si porté vers les rencontres. Idéal pour une escapade en amoureux, si on n’est pas contre l’idée de partager ce moment unique avec des centaines d’autres touristes…
Photos de la Place d’Espagne
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