Eglise Saint-Jean-de-Latran, cathédrale de Rome
De toutes les églises de Rome, une seule est considérée comme étant la « mère et tête de toutes les églises » : la basilique Saint-Jean de Latran, cathédrale de Rome, siège du diocèse de la Ville.
Table des matières
Rome est la capitale de la Chrétienté, ou du moins, la Catholique, depuis sa fondation par l’apôtre Pierre, premier des papes. En tant que telle, les souverains pontifes l’ont couverte de temples, d’églises et de Palais, embellissant la ville éternelle pendant toute la Renaissance et au-delà, lui redonnant toute sa splendeur passée, du temps où Rome était la Capitale du monde connu, de l’Empire Romain. Le statut particulier de l’église Saint-Jean-de-Latran dans une ville si riche n’est pas illusoire : la basilique est un trésor architectural et décoratif.
Cette église fondamentale du Catholicisme est propriété du Saint-Siège et fait donc partie du Vatican (même si elle ne se trouve pas sur le territoire du Vatican). C’est une des quatre basiliques majeures de Rome, et ne l’est pas que par la taille : 12 conciles y eurent lieu, dont 5 œcuméniques tout au long du Moyen-âge et de la Renaissance (1123, 1139, 1179, 1215 et de 1512 à 1516). C’est aussi au Latran que Charlemagne se fit baptiser, à Pâques en 774, ou que les fameux accords entre l’Eglise et l’Etat furent signés en 1929, les accords du Latran. Les raisons historiques à elles seules valent le déplacement, mais Saint-Jean de Latran est bien plus que ça…
Origine de la basilique
L’Archibasilique du Très Saint-Sauveur, plus connue sous le nom de Basilique de Saint-Jean de Latran, est l’église la plus ancienne de la ville, construite avant même Saint Pierre de Rome. L’empereur Constantin Ier (306-337) l’a fit construire, selon la légende, après avoir guéri d’une maladie en 313, et sera consacrée en 324 par le pape Sylvestre Ier. C’est l’église utilisée par le pape, lorsqu’il assume le rôle d’évêque de la Ville Éternelle. Elle est bâtie sur les anciens terrains d’une ancienne famille patricienne, les Laterani, qui donnèrent ainsi leur nom à l’église, Latran. Sainte Hélène, la mère de Constantin, chrétienne très fervente, avait fait cadeau des terrains au pape de l’époque, Melchiade. L’église se trouve sur l’ancienne maison du sénateur Plautius Lateranus, dont les biens avaient été confisqués autrefois par Néron pour le punir d’avoir conspiré contre lui. D’autres sources disent que l’église fut construite par-dessus la caserne de l’ancienne garde montée, des militaires qui s’étaient rangés du coté de Maxence, le rival malheureux de Constantin…
Destructions et reconstructions de Saint-Jean de Latran
La basilique connaîtra plusieurs catastrophes au long de l’Histoire, l’édifice actuel n’ayant plus rien à voir avec l’édifice qu’a connu l’empereur Constantin. Les plus anciens vestiges datent du Moyen-âge : il s’agit du cloître, du XIIIe siècle, soit tout de même 900 ans après Constantin. On se demande bien à quoi avait bien pu ressembler le bâtiment de Constantin, mais lorsque l’on connaît les malheurs du Latran, on comprend mieux pourquoi il n’en reste rien aujourd’hui. Tout d’abord, il y eu les déprédations d’Alaric Ier et ses Wisigoths en 410 puis de Genséric et ses Vandales en 455. Ensuite, des tremblements de terre, en 896 puis en 1349. Finalement, des incendies, le 6 mai 1308 et en 1361. Les dommages étaient tels qu’il a fallu reconstruire plusieurs fois l’église, de bout en bout. Pour voir quelque chose de l’époque de Constantin, on ira plutôt voir du coté du Baptistère, tout proche.
Avant le renouveau de Saint-Pierre de Rome, à la Renaissance, le siège de la Chrétienté était au Latran. Pendant 1000 ans, du IVe au XIVe siècle, le pape y avait sa résidence, son siège, jusqu’à l’« exil » de Clément V à Avignon, en 1309. L’ancienne résidence papale est encore visible, le Palais de Latran, que l’on peut voir collé à la basilique, reconverti en musée par le pape Grégoire XVI. L’église avec tant de reconstructions, eu forcément des besoins financiers importants. Les rois de France contribuèrent au financement, depuis Louis XI au XVe siècle, de façon plus ou moins régulière suivant les aléas de l’Histoire, jusqu’en 1871. Henri IV, en échange de l’assurance des revenus provenant de l’Abbaye de Clairac pour le Latran, fut remercié avec une statue que l’on peut encore voir de nos jours, et le dirigeant français fut fait chanoine d’honneur. Aujourd’hui, le Président de la République, quel qu’il soit est ainsi systématiquement fait chanoine d’honneur de la basilique Saint-Jean de Latran.
Architecture de Saint-Jean de Latran
L’église que nous pouvons admirer aujourd’hui date du XVIIe siècle, sous le pontificat d’Urbain V, et est la deuxième plus grande église de Rome, avec ses 130m de long. La façade blanche réalisée entre 1732 et 1735, toute en travertin, fut conçue par le Florentin Alessandro Galilei, avec les statues monumentales en son sommet. Ces statues de 7m de haut représentent Jésus, Saint Jean et Saint Jean-Baptiste, ainsi que les docteurs de l’église. La gigantesque porte de bronze est une porte antique, qui n’est autre que celle de l’ancienne Curie romaine ! Sur le fronton, nous pouvons y lire « omnium urbis et orbis ecclesiarum mater et caput », mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde.
Nous sommes entrés du coté de la façade latérale se trouvant sur la Piazza di San Giovanni in Laterano (le nom italien de Saint Jean de Latran). Cette façade, plus ancienne que la façade principale de Galilei, fut construite en 1586 par Domenico Fontana, à la demande du pape Sixte V. Les arcades que nous pouvons voir, sur deux étages, sont abondamment décorées de peintures, comme nous pouvons le voir sur les photos. C’est ici que nous trouverons la statue du roi de France Henri IV, du sculpteur Nicolas Cordier (1608). De la loggia du premier étage, le jour de l’Ascension, le pape fait sa bénédiction. Les campaniles qui surmontent la façade datent du XIIIe siècle.
La structure intérieure de la basilique est l’œuvre de Francesco Borromini, exécutée en style baroque. Les travaux débutèrent lors de l’année sainte, le Jubilé de 1650, commandés par le pape Innocent X. Des 14 arcades originelles, il passa à 5, retravaillant ainsi totalement l’espace intérieur de la basilique, qui retrouva l’esprit de l’édifice antique, avec ses 5 nefs. Dans chaque niche de la nef, longue de 130m, nous pouvons voir les statues des apôtres qui regardent les fidèles venus à l’église. Ces statues furent sculptées entre 1703 et 1719. Les chapelles latérales sont également issues du génie de Borromini. Le jeu de lumières que Borromini a su créer est bluffant, avec la lumière qui rentre par les fenêtres, tels des puits de lumière. Cette lumière si spéciale renforce le coté sacré de cet endroit. Borromini conservera le sol, venu du Moyen-âge, et le plafond, en caissons peints et moulures dorées, du bois sculpté du XVIe siècle.
Le sol de la basilique mérite toute l’attention du monde. C’est un sol que l’on nomme de « cosmatesque ». Ce type de sol, fait d’innombrables morceaux de marbre, était typique de l’Italie du Moyen-âge, friande de ce type de mosaïque. Le nom vient de Laurent Cosma et de sa famille, les Cosmati, des artisans qui créèrent bon nombre de ces œuvres, en prélevant le marbre des ruines romaines antiques. Ces sols sont absolument splendides, m’impressionnant beaucoup plus que toutes les statues de l’église : on n’a pas l’habitude de marcher sur quelque chose de si beau, et son omniprésence donne cet aspect chaleureux à Saint Jean de Latran, bien différent des sols en pierre des cathédrales gothiques.
L’un des éléments de l’église laissant une plus forte impression est sans doute l’Autel Papal, où seul le pape a le droit d’y célébrer l’eucharistie. Selon la légende, cet autel en bois serait celui où les premiers chefs de l’église auraient célébré la messe. Des fragments s’y trouvant seraient en effet ceux de l’autel utilisé par Saint Pierre lui-même. Les bustes reliquaires qui se trouvent au baldaquin contiennent par ailleurs les crânes de Saint Paul et de Saint Pierre ! Le baldaquin qui se trouve par-dessus l’autel, de style gothique, date de 1367, le tabernacle est quant à lui orné de sculptures de Giovanni de Sienne (1367-1370). On peut également y observer une fleur de lys en motif, un hommage au roi de France Charles V, qui fit des dons importants. C’est devant l’autel que l’on retrouve le tombeau du pape Martin V (1417-1431).
Le transept, richement décoré, présente dans ses fresques la fondation de la basilique. C’est un régal de regarder du coté de l’abside, avec sa superbe mosaïque aux influences byzantines, datant du IVe siècle, refaite au XIIIe par Jacopo Torriti et Jacopo Camerino, et entièrement restaurée en 1885 par Virginio et Francesco Vespignani. C’est ici que l’on peut voir le trône du souverain pontife, la cathèdre.
Extérieurs à l’église, le cloître, et la Scala Santa, que la mère de Constantin, Hélène, fit ramener de Jérusalem : cet escalier était supposé être celui du palais de Ponce Pilate, que Jésus du gravir lors de sa Passion. Les pèlerins montent en général à genoux ses 28 marches, afin d’atteindre le Santa Sanctorum, la chapelle des papes, où se trouve de précieuses reliques. Le baptistère, de forme octogonale, servit de modèle aux baptistères du monde entier, depuis la lointaine époque de ce premier empereur romain chrétien, Constantin. Le grand obélisque de 50m que l’on voit sur la Place Saint Jean (Piazza San Giovanni in Laterani) est le plus ancien monument de Rome : datant de 1500 av. J.-C., c’est un obélisque de Karnak, érigé à l’époque du pharaon Thoutmôsis III. Il se trouvait au Cirque Maxime, où Constantin l’avait placé après l’avoir apporté d’Egypte.
Visiter la basilique Saint-Jean de Latran fut pour moi une expérience gravée à jamais dans ma mémoire. Tant de beauté, de monumentalité, d’Histoire ! Un lieu saint, sacré à bien des égards, que même une horde de touristes n’arrive à ébranler. Même si nous avons perdus les édifices originaux de Constantin, nul doute que cette construction baroque sait faire honneur à l’empereur : le modèle de basilique antique fut conservé, et l’église est un joyau parmi les joyaux de Rome.
Photos de Saint-Jean de Latran
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