Saint-Léger-du-Ventoux, plus petit village du Vaucluse
Vivre dans un village, au lieu de vivre dans une ville ? Pourquoi pas, et si c’est dans le sud de la France, là où il faut beau, encore mieux !
Table des matières
Un petit village du sud
Je connais un tout petit village dans le département du Vaucluse. C’est le plus petit de tous les villages, mais il pourrait faire l’affaire : Saint-Léger-du-Ventoux. C’est un de ces villages typiques de montagne, fait de maisons de pierre agglutinées les unes aux autres pour se protéger du froid, perché tout là haut, vers le célèbre Mont Ventoux, haut lieu du cyclisme français et plus haute montagne du département, culminant à 1911 mètres.
Situation géographique de Saint-Léger
Le village est isolé, à 22 km de Vaison-la-Romaine et 25 de Carpentras, plus grosses villes des environs immédiats. Il a été construit sur la montagne de Bluye, face au versant nord du Mont Serein, un sommet secondaire (1437 mètres) du Mont Ventoux, de l’autre coté de la vallée du Toulourenc. Cette montagne culmine à 1062 mètres. Nous sommes ici au nord du Vaucluse, à la frontière avec la Drôme. Une seule route passe par Saint-Léger, la D40, petite départementale reliant les différents villages de la vallée du Toulourenc entre eux. La trentaine de villageois qui font partie de la commune vivent soit dans le village à proprement parler, à une altitude de 400 mètres, soit plus bas dans la vallée, dans les quelques fermes qui s’y trouvent.
Météo de Saint-Léger
Le climat de Saint-Léger est typiquement méditerranéen, avec des hivers et étés secs, des printemps et des automnes pluvieux. Le thermomètre ne descend que très rarement en dessous de zéro degré Celsius. Au niveau du climat, le village offre ainsi une situation assez unique, protégé par la montagne, tout en pouvant profiter de l’hiver : en effet, même si il ne neige pas fréquemment à Saint-Léger, plus haut dans la montagne c’est une toute autre histoire, avec une station de ski installée sur le Mont Serein, tout proche.
Le Toulourenc
Le Toulourenc est une petite rivière prenant sa source au château d’Aulan, non loin de Montbrun-les-Bains. Il coule sur 30 kms avant de se jeter dans l’Ouvèze, lui-même affluent du Rhône. Cette rivière a creusé de superbes gorges, avec des hauteurs abruptes pouvant aller jusqu’à 100 mètres. Les gorges du Toulourenc commencent à hauteur du hameau de Vaux, pour se terminer à Saint-Léger. Son nom viendrait du provençal « toul ou renc », tout ou rien, en allusion à son débit très irrégulier, mais serait plus probablement issu d’une divinité aquatique nommée « Tolo », que l’on retrouve par exemple dans le nom de Toulon.
Histoire de Saint-Léger
Le nom de Saint-Léger lui vient de l’évêque Léger d’Autun, martyr de VIIème siècle. Le véritable nom de Léger était Leodegarius, « Léger » n’étant apparu que bien après sa mort, pour simplifier la prononciation de son nom. Il aurait été martyrisé près de la Pierre de Couhard, à Autun. En son hommage, de nombreuses villes et villages ont choisi de se nommer « Saint-Léger » : il y a même une association en France qui regroupe les 73 « Saint-Léger de France et d’ailleurs ». L’histoire du village semble encore plus ancienne que l’évêque d’Autun, avec les découvertes d’une hache de pierre datant sans doute de la préhistoire, et de tombes orientées vers la Mecque, laissant supposer à des soldats Sarrazins.
L’existence du village est attestée dès le Moyen-âge. On retrouve le nom de « Sancto Laugerio » en 1254, et de « Sant Leydier » en 1363. Au XIIème siècle, le seigneur se nomme François Tonduti, un lieutenant des armées du Pape. Le village passera aux mains des Seigneurs de Baux (Agoult des Baux) au XIVème siècle : Alix des Baux en hérita en 1403. En 1550, on retrouve encore une fois le village, sous le nom de « Sanctus Logerius » cette fois-ci. Saint-Léger était alors réputé pour ses fromages. En 1791, le village, commune du Comtat Venaissin, était connu sous le nom de Saint-Léger d’Orange. Il ne prendra finalement le nom de Saint-Léger-du-Ventoux que le 18 juillet 1953.
Lorsque Frédéric Mistral traversa Saint Léger en 1906 après avoir gravi le Mont Ventoux, il décrira Saint-Léger comme étant « un pauvre petit village qui est au pied du Ventoux, habité par des charbonniers, tout jonché de lavande en guise de litière ». La vie ne semblait pas simple à cette époque, et on comprend très bien l’exode rural dont à souffert la France tout au long du XXème siècle. La fin des charbonnages, qui avaient « nettoyé » la région de ses arbres, la fermeture des mines de fer et du ralentissement de l’agriculture ont eu raison de l’activité économique de St Léger : aujourd’hui, le village ne propose plus que des activités touristiques à ceux qui y passent.
A la Libération de 1944, les habitants de Saint-Léger, pour annoncer la bonne nouvelle, ont cogné sur les cloches de l’église, les endommageant gravement. Ces cloches ne furent remplacées que dans les années 2000, d’où leur aspect flambant neuf. Les rues n’ont été nommées qu’à la même période, avec certains noms évocateurs, comme cette rue des faux-monnayeurs. Selon la légende, un faux-monnayeur y aurait vécu à l’époque du roi Louis-Philippe. La punition pour un tel crime était la démolition de sa demeure.
Autrefois, les Légerois (habitants de St-Léger) n’avaient qu’une seule petite route qui les reliait à Mollans, où se trouvait la diligence reliant la région au reste de la France. Cette route était plus un chemin qu’autre chose, à vrai dire. Ce n’est que lorsque le Mont Ventoux et le plateau d’Albion furent investis par l’armée et son dispositif de dissuasion nucléaire que les routes de la montagne furent améliorées. Nous étions alors à l’époque du Général de Gaulle. Cet isolement n’aida pas le village, qui perdit presque totalement toute sa population en 150 ans : 200 âmes en 1841, une centaine au début du XXème siècle, et plus que 24 en 1999 ! L’école a fermé ses portes en 1968, il n’y a pas de commerces, pas de pharmacie, pas de bar-tabac.
Saint-Léger faisait partie de la plus petite communauté des communes de France, celle du Toulourenc, mais elle a été dissoute le 31 décembre 2008. Depuis lors, Saint-Léger fait partie de la communauté des communes du Pays Vaison Ventoux.
Les quartiers de Saint-Léger
Le village possède plusieurs « quartiers », qui ont tous, bien sûr, une histoire à raconter.
« Le Planas » est la zone de la vallée qui se trouve juste devant le village. A droite du Planas se trouve le Plan, où se trouvait un alambic à lavande. On cultive encore de nos jours la lavande dans la vallée, mais la distillation de la lavande ne s’y fait plus depuis longtemps. On trouve à Saint-Léger, en plus de la lavande, des truffiers. A Fontchaude se trouvait, dit-on, une source d’eau tiède. Vers Saint-Basile, au bord du Toulourenc, se trouve une petite chapelle du début du XVIIIème siècle, la Chapelle Saint-Basile, bâtie sur une ancienne nécropole. Les gens venaient autrefois à la Chapelle pour demander au saint de guérir les problèmes de cheveux de leurs bébés. La Barbette est l’ancien lieu où vivait, semble-t-il, une femme à la pilosité abondante. C’est aujourd’hui un hameau abandonné. Il existe encore le lieu-dit « la Concession », car cet endroit avait été cédé à l’Office National des Forêts, l’ONF. Vers les Terres Rouges, où se trouve un gîte fort agréable, on y faisait du charbon de bois dans l’ancien temps… Beaucoup d’histoires pour un si petit village ! On repense à la légende de la vache d’or, qui se trouverait dans une des nombreuses grottes de la commune…
La fontaine de Saint-Léger
En 1880, pour financer la construction d’une fontaine, les habitants décident de vendre à l’ONF une partie des terrains communaux. C’est la fontaine que nous pouvons voir aujourd’hui, à coté du lavoir ovale. Ce n’est que beaucoup plus tard, dans les années 1960, que les villageois ont eu l’eau courante. Cette eau vient du Mont Serein, elle est filtrée par UVs, passe par le pont et irrigue les maisons. Ce qui en reste alimente le réservoir, situé tout en haut du village. Les jours de fête, on installait l’orchestre sur le lavoir, en le couvrant de planches de bois, et tout le monde dansait sur la place.
Activités à Saint-Léger du Ventoux : escalade, scoutisme, randonnées…
Le Ventoux est un point très réputé pour les escaladeurs, en particulier ceux de haut niveau. Saint-Léger et l’un de ses secteurs, « La Baleine », est un des hauts lieux de l’escalade de la région. Enfin, il parait, j’avoue que j’ai du mal à comprendre le jargon bien technique de nos amis sportifs. Quoiqu’il en soit, les voies sont nombreuses, de quoi varier les plaisirs quand on aime l’escalade : 80 voies de 6b à 8c (niveaux de difficulté). Merci à 116 du blog de l’escalade à Saint-Léger pour ses précisions ;)
L’association des Eclaireuses et Eclaireurs de France, des scouts, y ont également un centre, à la sortie du village près de la Chapelle Saint-Basile. L’espace permet d’y accueillir jusqu’à 100 personnes en camping.
Les randonneurs connaissent bien Saint-Léger, le chemin de grande randonnée 91 y passe, et le GR4 n’est pas loin non plus. Les parcours de montagne font toujours partie des plus beaux souvenirs des randonneurs, qui peuvent, au-delà du défi physique que cela représente, admirer la beauté des hauteurs de Provence.
Les chasseurs trouvent également leur bonheur à Saint-Léger, de nombreux cerfs et sangliers y ont élu domicile. Les amateurs de pêche s’y retrouvent également, avec les eaux du Toulourenc.
Les cyclistes passent par la D40, et en profitent pour se reposer au point de rencontre de tous ces amoureux du sport et des grands espaces : la fontaine et son lavoir, et bien sûr les WC publics.
Gîtes de Saint-Léger
Nous avons eu la chance de passer un agréable week-end à Saint-Léger. Nous avons dormi dans l’un des gîtes qui existent dans la vallée, un peu en retrait du village. Installés dans d’anciennes maisons, ils sont confortables et à prix raisonnable, ils sont rapidement occupés en été par les randonneurs, les escaladeurs et autres cyclistes, qui viennent ici profiter des magnifiques paysages et des possibilités sportives exceptionnelles. Il existe un restaurant, ou plutôt, un snack-bar amélioré, le restaurant « L’Oasis », où sont proposés des sandwichs et des salades, et des plats marocains sur demande : couscous, tajines…
Venir s’installer dans un petit village isolé, même si on possède de bons rapports avec les villageois, est toujours compliqué lorsque l’on vient de la ville, je trouve. On l’a vu, un village est rempli d’histoires, qui ne concernent que vaguement le nouvel arrivant. Il est un étranger. Ceci n’empêche pas d’être bien accueilli, mais le sentiment d’appartenance est long à acquérir. Un peu comme arriver dans une famille d’accueil. Comme partout, ce sont avant tout les gens qui vous feront vous sentir bien à un endroit. La beauté des paysages, la nature, ou même le confort de sa maison peut-être ruiné par un mauvais voisinage. Nous gardons un bon souvenir de Saint-Léger, un village entouré de pins (pins noirs d’Autriche) et de chênes, proche des magnifiques gorges du Toulourenc, où le calme est roi. C’est un bon endroit où vivre, à n’en pas douter.
Pour aller plus loin, vous pouvez lire le guide « Vallée du Toulourenc – Ventoux : hébergements – produits – randos », édité par les éditions du Toulourenc : http://www.leseditionsdutoulourenc.com/ , ou aller sur la page Facebook dédiée au Toulourenc : http://www.facebook.com/ToulourencCultureCommune
Photos de Saint-Léger
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