Mérida, ville d’Estrémadure et d’Histoire

Au fin fond de la péninsule ibérique, au centre de l'Estrémadure, se trouve une petite ville grandiose par son Histoire et son rayonnement culturel.

Mérida, l’ancienne capitale romaine de Lusitanie, est aujourd’hui une ville moyenne de 60 000 habitants. Capitale de l’Estrémadure, elle n’en est pourtant pas la plus grande des villes, Badajoz ou Cáceres la devançant. Mais son prestige et son Histoire lui donnent une place à part dans le coeur des espagnols. J’ai découvert la ville pendant quelques jours en été, une période de l’année où l’Art de Vivre à l’espagnole prend tout son sens, comme nous le verrons. Mais tout d’abord, un peu de culture.

Les rues de Mérida sont en général calmes. Sans doute parce qu'il n'y a pas de grands immeubles, ce qui réduit forcément le nombre d'habitants au km².
Les rues de Mérida sont en général calmes. Sans doute parce qu’il n’y a pas de grands immeubles, ce qui réduit forcément le nombre d’habitants au km².

Brève Histoire de Mérida

Je ne vous referais pas le récit complet de la fondation romaine de Mérida, vous le retrouverez dans mon article sur Augusta Emerita. Mais très rapidement, on se souviendra que la ville, fondée par la volonté d’Auguste, connaîtra un âge d’or en tant que capitale de la province romaine de Lusitanie. Avec les Suèves puis les Wisigoths, la ville conserve toute son importance politique et économique mais surtout religieuse.

L’invasion des Arabes vient tout changer, les chrétiens devant désormais faire profil bas. Les nouveaux occupants vont remodeler la ville, avec la construction d’une puissante forteresse, l’Alcazaba. Cet édifice est à lui seul un résumé parfait de l’Histoire de la ville.

L'Estrémadure dans toute sa splendeur. La campagne aux alentours immédiats de Mérida.
L’Estrémadure dans toute sa splendeur. La campagne aux alentours immédiats de Mérida.

L’Alcazaba de Mérida

Lorsque l’Alcazaba est construit, ça fait plus d’un siècle que les Arabes sont arrivés en péninsule Ibérique. La conquête, bien que rapide, n’empêcha pas de nombreuses révoltes de la population autochtone. Mérida, ville majeure de la chrétienté ibérique était parmi les villes les plus récalcitrantes au pouvoir islamique. En 835, l’émir Abd al-Rahman II décide de construire une forteresse pour contrôler cette population bien trop rebelle à son goût.

Pour construire leur forteresse, les Arabes utilisent des matériaux récupérés sur les anciennes murailles. Ils ont notamment démoli une des quatre portes de la muraille, connue sous le nom de Porte du Pont. La forme de cette porte, connue par les monnaies romaines, est aujourd’hui le blason de la ville. Le réemploi de pierres toutes prêtes d’anciens édifices est malheureusement une pratique que nous retrouvons un peu partout en Europe, le respect de l’ancien patrimoine que nous avons aujourd’hui étant relativement récent. C’est comme ça qu’en se promenant dans l’Alcazaba, on va trouver encastré dans les murailles des stèles funéraires romaines, ou des colonnes wisigothiques pour embellir une porte.

La forteresse est vraiment impressionnante, encore aujourd’hui. C’est un carré de 550 m de périmètre, avec des murailles hautes de 10 m et 25 tours. Entouré d’un grand fossé aujourd’hui disparu, l’Alcazaba était le centre de pouvoir Omeyyade, la dynastie arabe régnante de l’Al-Andalus. Sa situation était si privilégiée que lorsque les Chrétiens reconquirent la ville en 1230, ils décident de s’y installer. L’ordre de Santiago va y demeurer, puis, encore aujourd’hui, le président de l’Estrémadure.

La muraille possède 25 tours
La muraille possède 25 tours
Le Guadiana coule paisiblement aux pieds de l'Alcazaba.
Le Guadiana coule paisiblement aux pieds de l’Alcazaba.
Construction néogothique du XIXème, reprenant des éléments d'origine. Ceci est particulièrement visible dans les colonnes wisigothiques.
Construction néogothique du XIXème, reprenant des éléments d’origine. Ceci est particulièrement visible dans les colonnes wisigothiques.
Antiques meules romaines pour moudre le blé.
Antiques meules romaines pour moudre le blé.
Le réemploi des matériaux était la règle générale, comme ici dans la citerne.
Le réemploi des matériaux était la règle générale, comme ici dans la citerne.
Entrée de la citerne. On notera le réemploi de colonnes wisigothiques.
Entrée de la citerne. On notera le réemploi de colonnes wisigothiques.
Les murs sont épais
Les murs sont épais
Ancien prieuré de l'ordre de Santiago, aujourd'hui siège de la présidence de l'Estrémadure.
Ancien prieuré de l’ordre de Santiago, aujourd’hui siège de la présidence de l’Estrémadure.
La muraille de l'Alcazaba et ses nombreuses tours. Nous sommes ici sous le pont romain.
La muraille de l’Alcazaba et ses nombreuses tours. Nous sommes ici sous le pont romain.
Anciens vestiges
Anciens vestiges
Intérieur de l'Alcazaba. On aperçoit la citerne à droite.
Intérieur de l’Alcazaba. On aperçoit la citerne à droite.
Une des portes de l'Alcazaba. La modernité est passée par là, et des accès ont été aménagés.
Une des portes de l’Alcazaba. La modernité est passée par là, et des accès ont été aménagés.
Les Arabes, en construisant l'Alcazaba, n'hésitaient pas à réemployer les pierres des stèles funéraires romaines.
Les Arabes, en construisant l’Alcazaba, n’hésitaient pas à réemployer les pierres des stèles funéraires romaines.
L'obélisque est un monument en l'honneur de toutes les villes nommées Mérida dans le monde.
L’obélisque est un monument en l’honneur de toutes les villes nommées Mérida dans le monde.

Reconquête de Mérida

Au XIIIème siècle, avec le retour du pouvoir chrétien, Mérida connaîtra une période évidente de renouveau. On remplace les mosquées par des églises, tout en s’appropriant ici ou là le style propre à la culture musulmane. Une des premières décisions du roi Alphonse IX de Léon, le nouveau souverain de la ville, sera de reconstruire une église sur ce qui était probablement le site de l’ancienne cathédrale.

La ville sera durement touchée par les invasions Napoléoniennes, comme toute l’Estrémadure. De nombreuses oeuvres d’art et plusieurs monuments seront perdus.

Cathédrale de Mérida
La discrète cathédrale de Mérida. Elle partage son titre de cathédrale avec celle de Badajoz. Bâtie au XIIIème siècle suite à la Reconquête chrétienne, elle est l’héritière de l’ancienne cathédrale d’Augusta Emerita, Sainte Marie de Jérusalem, très probablement située au même endroit.
Dans les environs immédiats du temple de Diane se trouve la ruine de l'une des plus anciennes églises de la ville, l'église de Santa Catalina, construite sur une synagogue.
Dans les environs immédiats du temple de Diane se trouve la ruine de l’une des plus anciennes églises de la ville, l’église de Santa Catalina, construite sur une synagogue.
A gauche, le peu qui reste de l'ancienne muraille médiévale.
A gauche, le peu qui reste de l’ancienne muraille médiévale.

Mérida aujourd’hui

On aurait tort de croire que la ville ne vit que par son Passé. Même s’il est vrai qu’il s’agit d’une ville reposant beaucoup sur les revenus du tourisme, il ne s’agit pas ici d’une ville-musée. C’est aussi, depuis toujours, un centre administratif avec le gouvernement d’Estrémadure, mais également un important centre industriel. Cette modernité est visible dans la construction emblématique du XXème siècle : le pont Lusitania. Un des plus beaux exemples de modernité respectueuse du passé est le musée romain de Mérida. Dit comme ça, on dirait une évidence pour un tel musée, mais il existe de nombreux exemples en France de lieux qui, malgré leur usage, sont des attentats envers l’Histoire.

Mérida est un bon choix de lieu de vie. Il fait chaud en été, c’est vrai, mais les habitants savent se protéger. Les rues commerçantes et souvent piétonnes sont par exemple équipées de brumisateurs, apportant une fraîcheur bienvenue. Les bars et restaurants, comme partout en péninsule ibérique sont accueillants et surtout, on y mange bien. Pour ceux qui veulent s’expatrier et qui aiment une ville accueillante, vivante tout en ayant la conscience de la valeur de son patrimoine historique, Mérida est un choix judicieux.

Je vous propose une courte promenade dans les rues de la ville en hyperlapse, une technique vidéo que j’ai utilisée assez pratique pour se faire rapidement une idée de l’ambiance.

Promenade dans les rues de Mérida en hyperlapse

Malgré la chaleur de l'été, la rue commerçante est agréable. Les rues étroites permettent d'avoir une ombre bienvenue en été.
Malgré la chaleur de l’été, la rue commerçante est agréable. Les rues étroites permettent d’avoir une ombre bienvenue en été.
Parfois, l'ombre ne suffit pas, et les brumisateurs publics entrent alors en action.
Parfois, l’ombre ne suffit pas, et les brumisateurs publics entrent alors en action.
Les brumisateurs en été, un équipement fondamental de la ville.
Les brumisateurs en été, un équipement fondamental de la ville.
Pont Lusitania, réalisé par l'architecte Santiago Calatrava
Pont Lusitania, réalisé par l’architecte Santiago Calatrava

Photos de Mérida

Prenons maintenant le temps, comme la chaleur de l’été nous y invite, de regarder quelques photos de la ville de Mérida. Les détails architecturaux, le mobilier urbain et l’environnement en fond une ville à part. Même les touristes sont différents : nous sommes relativement loin de la mer, mais au sein de la ville monumentale, comme elle est surnommée. Plus culturelle que divertissante, ce qui provoque un public plus connaisseur qu’envahisseur.

Le train vient de passer. Vous le voyez vers le milieu de la photo.
Le train vient de passer. Vous le voyez vers le milieu de la photo.
Dans un bar à tapas.
Dans un bar à tapas.
A deux pas du temple de Diane, un très ancien bâtiment.
A deux pas du temple de Diane, un très ancien bâtiment.
Obélisque de Santa Eulalia. Cette grande colonne est construite en grande partie avec des éléments d'anciens édifices romains.
Obélisque de Santa Eulalia. Cette grande colonne est construite en grande partie avec des éléments d’anciens édifices romains.
Les arènes de Mérida, la Plaza de Toros
Les arènes de Mérida, la Plaza de Toros
Les anciens silos à blé de Mérida, avec au premier plan ce qui reste du cirque romain.
Les anciens silos à blé de Mérida, avec au premier plan ce qui reste du cirque romain.
Les liens avec Rome sont évidents et cultivés. A gauche, une statue d'Auguste, à droite, la célèbre louve allaitant les jumeaux.
Les liens avec Rome sont évidents et cultivés. A gauche, une statue d’Auguste, à droite, la célèbre louve allaitant les jumeaux.
Les références à l'empire romain sont partout, comme ici sur ce minuscule rond-point.
Les références à l’empire romain sont partout, comme ici sur ce minuscule rond-point.
En levant un peu son nez quand on se promène dans les rues de Mérida, on peut tomber sur des beautés artistiques insoupçonnées...
En levant un peu son nez quand on se promène dans les rues de Mérida, on peut tomber sur des beautés artistiques insoupçonnées…
Siège de l'assemblée d'Estrémadure.
Siège de l’assemblée d’Estrémadure.
Un balcon néo-mudéjar. Ne polémiquons pas, j'aurais pu dire néo-mauresque.
Un balcon néo-mudéjar. Ne polémiquons pas, j’aurais pu dire néo-mauresque.
Un balcon classique, protégé des intempéries ou du soleil.
Un balcon classique, protégé des intempéries ou du soleil.
Ce que l'on retient, à Mérida, ce sont ces belles couleurs vives qui rehaussent les détails architecturaux.
Ce que l’on retient, à Mérida, ce sont ces belles couleurs vives qui rehaussent les détails architecturaux.
Une rue de la ville. En règle générale, les habitants ne sont pas très à cheval sur la peinture de leurs murs. Dommage!
Une rue de la ville. En règle générale, les habitants ne sont pas très à cheval sur la peinture de leurs murs. Dommage!
Certaines façades n'ont pas besoin d'être peintes. On voit que l'influence de Gaudi s'est faite sentir jusqu'ici...
Certaines façades n’ont pas besoin d’être peintes. On voit que l’influence de Gaudi s’est faite sentir jusqu’ici…
Quand les murs des immeubles sont peints comme il faut, le résultat est sublime. A droite, l'office de tourisme.
Quand les murs des immeubles sont peints comme il faut, le résultat est sublime. A droite, l’office de tourisme.
On voit que nous sommes dans un quartier chic : les peintures des immeubles sont impeccables.
On voit que nous sommes dans un quartier chic : les peintures des immeubles sont impeccables.
Ce quartier est un peu moins chic,...
Ce quartier est un peu moins chic,… Sur la photo de gauche, on voit une des grandes utilités des clochers d’églises : servir de nids à cigognes.
Nous logions dans un hôtel, en plein centre ville. Ceci était notre vue. Remarquez la piscine du voisin, en bas.
Nous logions dans un hôtel, en plein centre ville. Ceci était notre vue. Remarquez la piscine du voisin, en bas.

Place d’Espagne

Ayuntamiento de Mérida, c'est à dire la Mairie, sur la place d'Espagne.
Ayuntamiento de Mérida, c’est à dire la Mairie, sur la place d’Espagne.
Fontaine de la place d'Espagne.
Fontaine de la place d’Espagne.
Bel exemple d'architecture néo-mudéjar.
Bel exemple d’architecture néo-mudéjar.

Jardins du Guadiana

Les jardins aménagés sur les bords du Guadiana.
Les jardins aménagés sur les bords du Guadiana.
Les cours d'eau sont une source de fraîcheur.
Les cours d’eau sont une source de fraîcheur.
Figuier de Barbarie
Figuier de Barbarie

Mobilier urbain

On retrouve le blason de Mérida partout.
On retrouve le blason de Mérida partout.
On aperçoit le blason de la ville, avec la Porte du Pont sur les poubelles.
On aperçoit le blason de la ville, avec la Porte du Pont sur les poubelles.
Toujours le blason. Remarquez sur la bande blanche du passage piéton le petit détail sympathique qui nous rappelle que des enfants peuvent traverser à tout moment.
Toujours le blason. Remarquez sur la bande blanche du passage piéton le petit détail sympathique qui nous rappelle que des enfants peuvent traverser à tout moment.
Nom de rue. Le panneau est fait en azulejos.
Nom de rue. Le panneau est fait en azulejos.
Même ici, le blason est présent, regardez la base de la bitte.
Même ici, le blason est présent, regardez la base de la bitte.
L'entrée du parc Lopez de Ayala, connu à Mérida sous le nom du parc des amoureux.
L’entrée du parc Lopez de Ayala, connu à Mérida sous le nom du parc des amoureux.
Un banc public, au style Art Nouveau très marqué.
Un banc public, au style Art Nouveau très marqué.
Plaza y mercado de Calatrava. L'ancien marché de Calatrava, équivalent aux Halles de Paris.
Plaza y mercado de Calatrava. L’ancien marché de Calatrava, équivalent aux Halles de Paris.

L’avis de Jori

Il fait chaud à Mérida
… mais la chaleur est somme toute supportable, surtout si on ne joue pas au touriste et on fait comme les locaux : on reste à l’ombre.

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