Hôtel de Toulouse, siège de la Banque de France à Paris
L’Hôtel de Toulouse où se trouve le siège de la Banque de France est une merveille artistique, habituellement réservée aux personnes qui ont la chance d’y travailler. Cet espace aurait pourtant sa place parmi les plus importants monuments de Paris, tant sa Galerie Dorée est un lieu à part et extraordinaire.
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Notre belle capitale renferme d’innombrables trésors cachés, inaccessibles la plupart du temps au public. Ces merveilles de l’architecture, de l’Art et de l’Histoire, préservés du regard des simples badauds, sont pourtant le quotidien de nombreuses personnes, qui ont la chance de pouvoir travailler dans des cadres somptueux. Une fois par an, pendant les Journées du Patrimoine, le parisien moyen peut découvrir les trésors de sa ville, les lieux qui ont construit ce qui est aujourd’hui la première ville de France. Je suis particulièrement touché par les lieux où se prennent les grandes décisions qui vont toucher au quotidien, les lieux dont tout le monde entend parler, mais qui sont pourtant loin des yeux du quidam. J’ai profité des Journées du Patrimoine pour aller au siège de la Banque de France, un endroit très particulier et riche en surprises…
La Banque de France, depuis l’avènement de l’Euro, n’a plus son ancien rôle central de régulateur de la monnaie, où sont décidés les taux directeurs : ce rôle est désormais celui de la BCE, Banque Centrale Européenne, à laquelle appartient la BdF (Banque de France). Néanmoins, les prérogatives de la Banque de France sont toujours de premier ordre dans notre économie, et son rôle au sein d’une économie de plus en plus mondialisée évolue. Son caractère national lui permet de s’occuper plus particulièrement des personnes victimes de la Banque et des crédits, victimes de surendettement. La BdF a pour rôle de contrôler et de prévenir les excès, qu’ils soient des particuliers, des entreprises ou des collectivités. Elle gère les différents fichiers où sont inscrits les incidents de paiement, permettant par exemple d’empêcher le crédit aux surendettés. Pour en savoir plus, j’ai rédigé un article sur mon site spécialisé sur les finances personnelles, le « rôle de la Banque de France ».
En 1810, il fallait un espace digne de la Banque de France. Cet espace fut trouvé, avec l’Hôtel de Toulouse, dans le 1er arrondissement, rue de la Vrillière. L’administration nationale aime les lieux chargés d’Histoire, les grandes résidences et les hôtels particuliers, qui semblent plus « dignes » pour accueillir ce qui semble être une fonction noble, plutôt que des bâtiments modernes, plus à même de gérer et d’accueillir des travailleurs et des fonctionnaires efficaces.
Hôtel de la Vrillière
L’Hôtel de Toulouse était originellement l’Hôtel de la Vrillière, comme la rue où il se trouve. C’est le célèbre architecte François Mansart qui le construit entre 1635 et 1640, pour Louis Phélypeaux de La Vrillière, Secrétaire d’Etat, ce qui correspond de nos jours à la fonction de ministre. Phélypeaux était donc un ministre de Mazarin et de Louis XIII, puis de Richelieu, alors que le roi Louis XIV était encore trop jeune pour prendre en main les affaires de l’Etat. Ceci explique sans doute la proximité de son Hôtel du Palais Royal. En tant qu’amateur d’Art Italien, le seigneur de la Vrillière avait besoin d’un espace digne des merveilles artistiques qu’il collectionnait. C’est ainsi qu’une grande galerie sera construite dans sa demeure, où il exposera les tableaux de quelques uns des meilleurs artistes italiens de son siècle, comme le Guerchin ou Guido Reni. La galerie est directement inspirée de ce qui se faisait à l’époque, comme l’extraordinaire Galerie d’Apollon au Louvre, ou celle que l’on ne présente plus, la Galerie des Glaces du Château de Versailles.
Celle qui n’est pas encore connue sous son nom de « Galerie Dorée » sera donc richement décorée, notamment avec cette gigantesque fresque, occupant l’intégralité des 40m de plafond de la galerie, peinte par François Perrier en 1645. Perrier était un grand connaisseur de l’Art Italien, il séjourna à Rome de nombreuses années, ce qui n’était évidemment pas pour déplaire à Phélypeaux. C’est dans cette galerie que furent décidés les grands choix financiers de la France, un lieu symbolique et prestigieux.
Hôtel de Toulouse et Galerie Dorée
En 1705, le petit-fils du Seigneur de la Vrillière, également nommé Louis Phélypeaux, cède l’Hôtel à Louis Raullin-Rouillé, un riche fermier des Postes. L’Hôtel sera vendu à la mort de Raullin-Rouillé en 1713 au comte de Toulouse, Louis Alexandre de Bourbon. Dorénavant, c’est sous le nom d’Hôtel de Toulouse que sera connue la demeure du fils légitimé de Louis XIV et de sa favorite, Madame de Montespan. Le comte de Toulouse transmettra à sa mort la belle maison à son fils, le Duc de Penthièvre.
Le comte de Toulouse fera faire d’importants travaux, confiés à l’architecte du roi, Robert de Cotte, dans le style Régence. La grande Galerie sera ainsi remaniée, avec ses lambris dorés réalisés par François Antoine Vassé, pour devenir la Galerie Dorée que nous connaissons aujourd’hui. Le style Régence est un style de transition entre Louis XIV et Louis XV, en vigueur entre 1700 et 1720 : c’est un style plus raffiné que le précédent Louis XIV, plus curviligne, tout en élégance et fantaisie. On le connaît également sous le nom de style Rocaille, pendant français des arts décoratifs du style architectural Rococo. Longue de 40 mètres, large de 6,5 mètres et haute de 8 mètres, c’est une salle monumentale, fastueuse, apte à accueillir les plus grands événements, à l’esprit Baroque que le remaniement du comte de Toulouse renforce.
D’Hôtel particulier à Banque de France
A la mort en 1793 de Louis Jean Marie de Bourbon, Duc de Penthièvre, l’Hôtel est confisqué par l’Etat. Les richesses artistiques de la demeure seront envoyées dans des musées aux quatre coins de la France, et l’établissement servira pendant quelques temps en tant qu’Imprimerie Nationale. On stockait du papier dans la Galerie Dorée ! Les tableaux que nous pouvons voir aujourd’hui dans la Galerie Dorée ne sont que des (belles) copies des originaux. Les décorations des murs de la Galerie avaient été recouvertes avec du papier peint.
Avec cette institution de prestige qu’est la Banque de France, l’Hôtel de Toulouse retrouva son éclat de l’époque de l’Ancien Régime, mais cette fois au service des citoyens. L’Hôtel sera plusieurs fois agrandit tout au long des besoins grandissants de la BdF au cours du XIXe siècle, comme cette superbe façade que nous pouvons admirer aujourd’hui du coté de la rue Croix des Petits-Champs. Ce n’est qu’en 1865 qu’un programme de réhabilitation de la Galerie Dorée permettra de lui redonner pleinement sa beauté originelle. Des années de négligence auront fait beaucoup de mal aux peintures de la fresque : il faudra 5 ans pour tout restaurer. Les fresques de Perrier, très dégradées, furent perdues à jamais, mais remplacées par des reproductions sur toile marouflée. A sa réouverture, la Galerie Dorée accueillera chaque année l’Assemblée Générale des Actionnaires, qui avait lieu une fois par an.
De par sa fragilité, les visites à la Galerie Dorée sont limitées, à des dates précises. Il faut réserver un mois à l’avance, mais je vous le dis en toute sincérité : ça vaut le coup. L’endroit est magnifique, bien conservé, et donne une petite idée de la vie au XVIIIe siècle, le siècle de l’élégance. La dernière grande restauration a eu lieu en 2015, après ma visite de la Banque de France : une occasion d’y retourner, pour admirer une Galerie Dorée plus belle que jamais, avec ses couleurs d’origine, le vert des lambris cédant la place au blanc.
Photos de l’Hôtel de Toulouse
Le siège de la Banque de France est loin d’être un musée, et est encore utilisé quotidiennement. Ceci se traduit par des salles de réunion, des bureaux, des aménagements prévus pour ceux qui travaillent dans ce qui était autrefois une résidence particulière.
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