La Conciergerie de Paris
C’est sans aucun doute l’un des grands monuments parisiens les plus méconnus en dehors de Paris, malgré son importance capitale dans l’Histoire de la ville. Peut-être parce qu'il s'agit d'une ancienne prison...
Table des matières
La Conciergerie, puisque c’est de ce monument qu’il s’agit, est pourtant située à un des endroits les plus en vue de la Capitale, où chaque touriste est obligé de passer : l’île de la Cité, le long du Quai de l’Horloge. J’ai ma petite idée sur la raison de ce relatif « désamour » pour la Conciergerie : c’est la plus ancienne prison de France, de très sinistre mémoire de surcroît ! Une petite balade du coté de ce vénérable lieu rempli de mille souvenirs datant du Moyen-âge s’imposait, surtout qu’il y a de quoi raconter et voir.
Palais Royal de la Cité
Lorsqu’on arrive sur les bords de Seine, on est toujours étonnés de voir cet édifice majestueux, mélange de styles architecturaux, se trouver là. Nous sommes en plein cœur de Paris, où les touristes abondent et la circulation de voitures est infernale. La Conciergerie semble relativement calme, un repos pour les yeux.
La Conciergerie est en fait l’ancien Palais de la Cité, qui n’était rien de moins que le Palais des anciens rois de France, les Capétiens. Nous avons, avec la Conciergerie, un édifice qui nous montre ce qui se faisait de mieux au XIVème siècle en matière d’architecture civile. Le Palais de la Cité originel date du Xème siècle, et servit, jusqu’à sa rénovation au XIVème siècle que nous pouvons aujourd’hui admirer, de siège du pouvoir royal. Il était plus étendu que l’actuelle Conciergerie, englobant également le Palais de Justice moderne. La Sainte Chapelle, édifiée par Saint-Louis, faisait également partie du Palais de la Cité.
Sa situation au cœur de la Capitale, au bord de la Seine et sur l’île de la Cité en faisaient un endroit stratégique militaire indéniable : les rois de France n’ont pas choisi par hasard le site ! Il suffit de regarder les deux tours massives caractéristiques du système défensif des châteaux-forts pour bien le comprendre. Ces deux tours, la tour d’Argent (où était gardé le trésor royal) et la tour César (en mémoire des fondations romaines sur lesquelles repose la tour) avaient été construites par Philippe IV le Bel et achevées en 1313, et nous sont parvenues, intactes. Aujourd’hui, nous pouvons apprécier les reflets de l’illumination de la Conciergerie la nuit dans la Seine, ce n’est pas plus mal.
Transformation du Palais de la Cité en prison : la Conciergerie
Le roi Charles V abandonna le Palais de la Cité pour une autre demeure, l’Hôtel Saint-Pol, laissant l’édifice libre pour sa conversion en 1370 en prison d’Etat. Le Concierge du Palais était une personne importante, chargée de percevoir les redevances de la location des boutiques qui se trouvaient dans le palais royal. C’est de sa fonction que découlera le nom de sa résidence, la Conciergerie. L’administration du roi sera conservée à la Conciergerie : le Parlement, la Chancellerie et la Chambre des Comptes y ont leur résidence : on comprend que le pouvoir du Concierge, véritable intendant du roi, est énorme. Transformée en prison sur sa partie basse (le haut étant une annexe de la Cour de Cassation), les prévenus y sont gardés en attendant leur jugement.
On le sent que nous sommes dans une ancienne prison, lorsque l’on visite la Conciergerie. Ses cachots sont minuscules, où étaient gardés les prisonniers, sachant pour la plupart à l’époque de la Révolution qu’ils en ressortiraient seulement pour être guillotinés… C’est ce passé funeste qui me fait croire à la relative impopularité de cet endroit, dans l’inconscient collectif parisien.
La Révolution Française et la Conciergerie
Pendant la révolution, la Conciergerie continuera ses fonctions de prison d’Etat, avec assez de cachots pour 1000 prisonniers. C’est ici que tout les notables emprisonnés vont venir, en attendant leur jugement (et presque tout le temps la guillotine). Fouquier-Tinville, l’accusateur public, y siègera. Ce sont pas moins de 2700 condamnés à mort en à peine deux ans qui passeront par la Conciergerie ! Marie-Antoinette et Robespierre y séjourneront, avant de passer à l’échafaud, on peut d’ailleurs visiter la cellule de l’ancienne reine de France. La cellule a été « remise en l’état », avec des figures en cire pour les gardes, habillés d’époque, les objets, sinistres… ça change du Château de Versailles, c’est sûr. C’était bien sympa de voir un siège dans la cellule de Marie-Antoinette qui servait en fait à faire ses besoins intimes…
Au XIXème siècle, le futur Napoléon III y fut également enfermé, ainsi que les anarchistes Orsini et Ravachol ou le maréchal Ney… La fonction de prison continuera jusqu’en 1914, lorsqu’elle devient monument national, et ouverte au public.
La Conciergerie possède plusieurs endroits notables à voir, et qui font partie de la mémoire de Paris, et de son quotidien. Philippe IV le Bel est sans doute le principal constructeur de ce palais gothique, à qui on doit les trois grandes salles, ainsi que les tours d’Argent et César.
Tours de la Conciergerie
Les tours sont les éléments externes les plus visibles de l’époque médiévale de la Conciergerie, témoignant de l’ancienneté du site.
Tour de l’Horloge
C’est sur cette tour haute de 47 mètres et avec des murs d’une épaisseur d’un mètre que fut posée la plus ancienne horloge publique de Paris, en 1371, d’où son nom. L’horloge avait été réalisée par un horloger lorrain, Henri de Vic. Le cadran solaire actuel date de 1585 (restaurée au XIXème siècle), une œuvre de Germain Pilon, avec son beau cadran coloré et ses décors à la gloire du roi Henri III.
Tour d’Argent
Cette tour était le lieu où l’on gardait le trésor royal. Un nom très logique, pour une telle fonction.
Tour César
C’est la tour jumelle de la tour d’Argent. Elle fut nommée « César » en mémoire des romains, qui avaient construit les anciens bâtiments sur lesquels reposent aujourd’hui les fondations de la tour.
Tour Bon-Bec
Cette tour, où étaient torturés les prisonniers, date de Saint-Louis : c’est la plus ancienne des quatre tours de la Conciergerie.
Salles de la Conciergerie
Ce sont des salles gothiques, médiévales, et très impressionnantes. On a du mal à se croire encore à Paris une fois dedans, tellement ce bain de Moyen-âge peut dépayser. On est vite ramenés à la réalité lorsque l’on regarde au travers d’une fenêtre, et on reconnaît une rue parisienne des plus typiques. Je souligne le joli travail de restauration et d’illumination de ces salles, qui mettent bien en valeur le patrimoine historique parisien et français de première importance que ces salles représentent.
Salle des Gardes
Édifiée en 1310 par Philippe IV le Bel, c’était l’antichambre de la Grand-Salle
Grand-Salle
C’est ici que le roi tenait ses « lits de justice ». Les réceptions organisées au Palais étaient organisées en cet endroit, où les repas était servis sur une table de marbre noir.
Salle des Gens d’armes
Cette salle est gigantesque : longue de 64 mètres pour une largeur de 27,5 et 8,5 de hauteur, elle fut édifiée entre 1302 et 1313 par Enguerrand de Marigny. C’était le réfectoire du personnel du roi, 2000 personnes environ. C’est dans cette salle que vous verrez un fragment de la table de marbre noir, où le roi siégeait lorsqu’il rendait justice. C’est une vraie claque de rentrer dans cette pièce immense, où l’on est transporté dans le passé, malgré le vide. Elle devait grouiller de vie à l’époque, avec plein de meubles, de tables, de gens… ça fait rêver.
Photos de la Conciergerie
Infos Utiles
Place de la Concorde, patrimoine historique de Paris
Si on me demande quel est le lieu le plus incroyable à voir à Paris, je vais préférer la grande place où commencent les Champs Elysées.
Hôtel de Toulouse, siège de la Banque de France à Paris
L’Hôtel de Toulouse est une merveille artistique qui aurait sa place parmi les plus importants monuments de Paris, tant sa Galerie Dorée est un lieu à part.
Pont Alexandre III à Paris, splendeurs sculptées
Le Pont Alexandre III est sans doute le plus monumental de Paris. Richement décoré, il enjambe avec une seule arche depuis 1900 la Seine.
Jardin des Plantes de Paris, vulgarisation de l’Histoire Naturelle
Symbole de la Science triomphante du XIXe siècle, où l’Humanité s’éveillait enfin vers le progrès technique et scientifique