La Tour de Londres, le château-fort anglais
Quand on visite Londres aujourd’hui, on a du mal à croire, en regardant les immeubles ultra modernes de la City, que cette ville fut fondée par les Romains vers l’an 50, sous le nom de Londinium.
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Il existe pourtant dans cette ville moderne un endroit où l’Histoire est présente, un endroit emblématique au cœur de la capitale du Royaume-Uni : la Tour de Londres.
La célèbre Tour de Londres est aujourd’hui un musée, où sont gardés les joyaux de la couronne, que des milliers de touristes viennent regarder. Le contraste entre ce vieux château-fort impeccablement conservé et restauré et les gratte-ciels modernes est saisissant, les époques se mélangent ici en un seul quartier. L’édifice est toutefois assez grand pour réussir à nous faire oublier ce coté moderne de la ville, et nous transporter quelques siècles en arrière, en plein Moyen-âge, pour peu que l’on se donne la peine de faire un petit effort d’imagination.
En sortant du métro Tower Hill, situé sur la colline éponyme, on oublie facilement que c’était à cet endroit que les exécutions des peines capitales avaient lieu, mais la Tour de Londres, située de l’autre coté de la route, permet de nous rappeler à notre bon souvenir que cet endroit est occupé depuis des temps immémoriaux. En effet, c’est à Tower Hill que les archéologues on retrouvé des traces d’occupation humaine datant de l’âge de bronze, c’est également ici que le premier village romain de Londinium fut construit, puis détruit et incendié par la reine Boadicée au premier siècle de notre ère.
La ville de Londres a construit, à Tower Hill, juste à coté du métro, un point de vue sur la Tour de Londres, pour ceux qui voudraient apprécier le panorama. Au sol, un gigantesque cadran solaire, où sont retracées les grandes dates de l’histoire de la ville, depuis l’édification du vénérable monument, en l’an 1066. L’endroit est clairement stratégique, et personne ne s’étonnera qu’il soit occupé depuis des millénaires. De la Tour de Londres, nous avons un bon panorama sur les alentours, avec la Tamise sur l’un des cotés, ce qui permettait d’en contrôler le trafic. On peut rêvasser un peu à regarder cet ancien château-fort qui nous semble flambant neuf, tant les anglais mettent du cœur à conserver ce lieu. C’est à la Tour de Londres que l’identité nationale de l’Angleterre s’est forgée, à commencer par cette première conquête du pays par le Duc de Normandie, Guillaume le Conquérant au XIème siècle.
La fondation de la Tour de Londres
L’Histoire d’Angleterre est intimement liée à celle de France, depuis que l’époque lointaine où les Celtes occupaient les deux cotés de la Manche. En 1066, le Duc de Normandie, descendant des vikings installés en Normandie, réclame pour lui le trône d’Angleterre, laissé vacant à la mort d’Edouard le Confesseur. A l’issue de la guerre qui s’en suivra, Guillaume sortant vainqueur, il lui faut marquer les esprits et asseoir son autorité en construisant une forteresse impressionnante, imprenable et stratégique : la Tour de Londres.
Ce château-fort marque le début d’une nouvelle ère pour l’île de Grande-Bretagne, qui voit s’éteindre l’ancienne aristocratie anglo-saxonne, au profit des normands, victorieux. Désormais, l’île Britannique est liée au continent et à la France : ce n’est pas par hasard si la moitié du lexique anglais est originaire du vieux français ! Cette Tour de Londres représente également la dernière conquête de l’Angleterre couronnée de succès, plus jamais aucun autre pays n’arrivera à contrôler l’Angleterre, devenue dès lors une des premières puissances européennes.
La Tour Blanche
Le plus ancien élément de la Tour de Londres, son donjon, nommé « la Tour Blanche », fut construite du vivant de Guillaume le conquérant, en 1078. A cette époque, l’Angleterre est définitivement conquise. Le donjon, construit en pierre, succède aux premiers bâtiments de bois construits en 1066. Son nom de « blanche » venait bien sûr de la couleur de ses murs, peints à la chaux. Durant les premiers siècles de son histoire, la forteresse servira simultanément de résidence royale et de prison. L’absence de la dynastie régnante de Londres, préférant vivre dans leur Duché de Normandie n’empêchera pas les agrandissements successifs jusqu’au XIIIème siècle. Aujourd’hui, comme à l’époque, nous pouvons admirer plusieurs bâtiments cerclés de deux murailles défensives et d’un fossé. La Tour de Londres, ce n’est donc pas une tour, mais plusieurs tours, avec au centre la plus grande de toutes, la White Tower, Tour Blanche.
La Tour de Londres devait, pour Guillaume le Conquérant, intimider les anglo-saxons et les londoniens. Sa masse imposante symbolisait le pouvoir normand établit en terres anglaises. Les normands pouvaient ainsi contrôler la population de Londres. On trouvera également dans la Tour Blanche une chapelle du XIème siècle et, pour les amateurs, l’armure du roi Henri VIII.
Fonctions de la Tour de Londres
Pendant la Renaissance, la Tour de Londres connu l’abandon des élites dirigeantes, comme un peu partout en Europe. Les rois et reines ne voulaient plus habiter dans ces austères demeures, aux fonctions essentiellement défensives, ne laissant que très peu de place pour le confort. Avec les Tudor, la Tour de Londres, délaissée, servira désormais principalement d’arsenal militaire et de prison. Elle gagnera petit à petit une sinistre réputation de lieu de tortures. Cette réputation est exagérée, même si la Tour de Londres en joue encore aujourd’hui. Le personnage historique Guy Fawkes est sans doute aujourd’hui le plus célèbre des torturés de la Tour de Londres.
On se souviendra par contre de l’exécution de trois reines d’Angleterre au XVIème siècle, dont deux à Tower Green, qui marqueront à jamais l’endroit, suscitant contes et légendes : on raconte que leurs fantômes hanteraient encore les lieux. On pourrait ainsi croiser Anne Boleyn, Catherine Howard ou Jane Grey… entre autres fantômes de malheureux exécutés.
Mais la forteresse n’avait pas que de simples fonctions répressives : c’était également l’endroit où l’on frappait monnaie, depuis les débuts de la monarchie normande, jusqu’au déménagement du XIXème siècle. Il existe aujourd’hui encore une petite unité de production, vouée à la création de pièces de monnaie commémoratives pour le monde entier. Pour les férus de numismatique, toute une salle est consacrée aux pièces de monnaie produites à la Tour de Londres.
L’ancienne forteresse, devenue simple musée, est désormais un lieu où l’on découvre le Moyen-âge, de façon pédagogique. On le comprend vite, le premier public des animations présentes sur le site, ce sont les enfants. On aura le plaisir de voir des armures médiévales, des armes à feu de la Renaissance, des canons, et bon nombre d’animations ludiques ou de décorations destinées aux enfants. La chambre du roi Edouard Ier a été reconstituée à l’identique dans une des nombreuses tours de la forteresse, la Tour St Thomas. Des acteurs, habillés comme à l’époque, nous font revivre le Moyen-âge. C’est amusant de passer dans une salle, et de voir des acteurs, discutant paisiblement, jouant leur rôle de médiévaux. Ils font partie du décor pour ainsi dire. C’est une très bonne initiative, nous permettant de visualiser en grandeur nature ce à quoi pouvait ressembler la vie en ces temps là.
Les joyaux de la Couronne
La Tour de Londres, symbole de la puissance de la monarchie depuis l’établissement de Guillaume le Conquérant, possède encore une fonction majeure : garder les joyaux de la couronne britannique, depuis le XIIIème siècle et le roi Henri III. Le public peut voir ces fabuleux joyaux depuis 1669. Nous les avons vu, certes, mais la visite est au final assez décevante. Tout d’abord, pas de photos, c’est interdit, sans doute pour des raisons de sécurité : les joyaux ont fait l’objet de nombreuses tentatives de vol. Mais la déception n’est pas là. Pour pouvoir admirer ces magnifiques pièces d’orfèvrerie, il faut passer sur un tapis roulant, qui défile devant les joyaux sous cage. Il est donc impossible de regarder dans le détail les couronnes, les sceptres et autres regalia du trône du Royaume-Uni.
Une deuxième salle d’exposition existe, avec des joyaux « mineurs », où il est possible d’observer dans le détail, mais on a comme une certaine frustration en nous. Tout ceci se comprend parfaitement, et il m’est difficile de blâmer les responsables de la Tour de Londres. Le succès de l’exposition permanente des joyaux de la couronne est immense, chaque année ce sont des centaines de milliers de personnes qui viennent les voir : c’est sans doute le seul moyen qu’ils aient trouvé pour que tout le monde puisse les regarder, pour éviter les attroupements autour des cages en verre. Nous sommes trop nombreux à vouloir les voir ! Il est vrai que c’est l’attraction principale de la Tour de Londres, c’est pour les joyaux que l’on vient ici, le château n’étant finalement visuellement qu’un parmi tant d’autres en Europe, il faut bien l’avouer. Ce n’est bien sûr pas la même histoire au niveau de son importance historique.
Les chiffres sont éloquents, et on comprend le pourquoi de cet engouement : les joyaux de la couronne, ce sont avant tout 23578 pierres précieuses ! La « Imperial State Crown » (Couronne impériale d’apparat) à elle seule présente 2868 diamants, 273 perles, 17 saphirs, 11 émeraudes et 5 rubis. C’est ici aussi que l’on peut admirer le plus gros diamant taillé du monde, le « First Star of Africa », issu du Cullinan, le plus gros diamant jamais découvert au monde. Il est monté sur le sceptre impérial. Ces symboles monarchiques sont encore utilisés par la les souverains anglais lors des couronnements.
La Ménagerie
Un peu partout dans le monument, on peut voir des reproductions d’animaux, mis en situation, comme s’ils étaient vivants. C’est un rappel, pour le visiteur, que pendant de nombreux siècles, la Tour de Londres, en plus d’être une résidence royale, une prison, une forteresse, le siège de la Monnaie Royale, c’était également une ménagerie, où l’on gardait les animaux exotiques. La construction de la ménagerie était nécessaire au Moyen-âge, pour abriter les cadeaux des autres souverains d’Europe. Il était de coutume de s’offrir des animaux exotiques, comme cet éléphant offert par le roi de France à Henri III. La ménagerie sera finalement fermée au XIXème siècle, déménagée au Zoo de Londres à Regent’s Park, bien plus adapté à l’accueil d’animaux sauvages.
Patrimoine Mondial de l’Humanité
La Tour de Londres, officiellement nommée « Her Majesty’s Royal Palace and Fortress the Tower of London » n’abrite plus de souverain anglais depuis Jacques Ier, il y a 500 ans, mais reste un lieu majeur de l’histoire anglaise et européenne. A ce titre, l’UNESCO attribua en 1988 au monument le titre de Patrimoine Mondial de l’Humanité. C’est un lieu où les anglais viennent à la rencontre de leur Histoire, où les traditions semblent immuables depuis des siècles. Les gentils « guides touristiques » que nous pouvons voir, habillés de curieuse façon, sont en fait les gardiens de ces traditions : ce sont les Yeomen Warders, plus connus sous le nom de Beefeaters. Ils sont les gardes de la Tour de Londres depuis 1485 et sont encore aujourd’hui recrutés parmi les vétérans de l’armée britannique. L’un d’entre eux, le Ravenmaster, « maître des corbeaux », est chargé de nourrir les corbeaux de la Tour de Londres : en effet, une légende veut que si les corbeaux partent de l’ancienne résidence royale, la monarchie britannique et la Tour de Londres sont condamnées à disparaître.
Pour plus d’infos, vous pouvez visiter le site officiel de la Tour de Londres.
Photos de la Tour de Londres
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