Citadelle Ark, la forteresse de Boukhara
Il fut un temps où les hommes pouvaient se protéger des guerres ou des pillages en construisant de puissants châteaux et de gigantesques murailles où ils pouvaient se réfugier en cas de danger.
Table des matières
Il y a dans le monde autant d’anciennes forteresses que d’anciennes villes, le besoin de protection étant universel. La ville de Boukhara n’y échappe pas, et sa citadelle Ark en est la plus parfaite illustration d’Asie Centrale.
La première citadelle
« Ark » est un terme persan que l’on peut traduire par « cœur de l’état », la ville dans la ville, ou, plus simplement, « citadelle ». Boukhara a toujours été intimement liée à l’histoire perse. Une légende iranienne et adaptée à la sauce ouzbèk nous raconte ainsi que le prince iranien Siyâvash, en exil au Touran, région du monde qui correspondrait à l’Asie Centrale, aurait fait construire la première citadelle de Boukhara il y a plus de 3000 ans, devenant ainsi le fondateur de la ville. Ce n’est bien sûr qu’une légende, la réalité nous indiquant que les plus anciennes traces d’une enceinte fortifiée dateraient du Ve siècle av. J.-C, lorsque la colline artificielle où se trouve Ark fut construite.
La première référence écrite de la citadelle revient à l’historien du Xème siècle Mohammed Nerchakhy, né à proximité de Boukhara. Dans son livre « Histoire de Boukhara », il nous explique que déjà à son époque, cette forteresse avait été détruite et reconstruite plusieurs fois. Le premier souverain à avoir ordonné la construction de Ark était, selon lui, un dénommé Biden.
Cette colline, ceinte de remparts hauts de 16 à 20 m et couvrant une superficie de 4 hectares est aujourd’hui l’emplacement du plus ancien bâtiment de Boukhara, sa citadelle. La forteresse fut plusieurs fois détruite et reconstruite, au hasard des guerres ou de l’usure du temps, mais fut toujours le centre du pouvoir politique et culturel de la région. Avicenne, originaire de Boukhara, disait qu’il se trouvait dans la citadelle une bibliothèque extrêmement riche. La ville était à cette époque l’une des plus grandes du monde musulman. Lorsque Gengis Khan conquit la région en 1220, les habitants cherchèrent refuge dans Ark, en vain.
Devant l’Ark se trouve le Reghistan de Boukhara, l’immense place où se retrouvaient les voyageurs de passage, les commerçants et les boukhariotes lors des évènements publics. Cette place fut créée à l’époque de la dynastie des Samanides, au IXème siècle.
La citadelle des Ouzbèks
La citadelle sera reconstruite par les Chaybanides, première dynastie ouzbèk à avoir pris le pouvoir à Boukhara au tout début du XVIème siècle. Au XVIIème siècle, la citadelle prend enfin sa configuration actuelle, sous la domination de la nouvelle dynastie des Djanides et du khanat de Boukhara.
La citadelle actuelle n’est qu’une petite partie de ce qu’avait pu être l’ancienne « ville dans la ville », qui abritait 3000 personnes au début du XXème siècle. Après la conquête de Boukhara par l’armée rouge en 1920, Ark fut gravement endommagée. Certains rapports affirment que, outre la destruction provoquée par l’armée rouge, l’émir Alim Khan contribua également à la ruine de la forteresse. Dans sa fuite face à l’avancée des bolcheviques, il fit détruire les zones « compromettantes » de ce qui était la résidence officielle des émirs de Boukhara. Le harem n’existe donc plus. Nous sommes loin d’imaginer ce qu’avait pu être ce centre de pouvoir.
Aujourd’hui, nous pouvons toujours voir les murailles, très différentes de ce que nous avons l’habitude de voir en Europe. La porte principale, qui date du XVIIIème siècle, est surmontée d’une galerie et flanquée de deux tours. Cette galerie était destinée aux musiciens de la cour, qui rythmaient les journées de la forteresse de Boukhara.
Au sein de la citadelle, nous pouvons encore trouver une mosquée du vendredi qui abrite un musée, mais également un endroit particulier, la mosquée Ul’dukhtaron, conservée malgré les destructions : selon une légende, 40 jeunes filles y furent torturées puis jetées dans un puit par Nasrullah Khan, émir de 1827 à 1860. L’émir, très cruel, était par ailleurs connu sous le surnom de « boucher » par les ouzbèks, donnant beaucoup de crédit à la légende.
Le « Zindan », la prison de la citadelle, fut conservé. Elle se trouve tout de suite après l’entrée principale, avec 12 cellules de chaque côté de la rampe d’accès à l’intérieur de la citadelle, réservées en priorité aux ennemis de l’émir. Les cellules sont toujours occupées, mais par des mannequins désormais, chargés de nous évoquer la situation des prisonniers. Sous la rampe d’accès se trouvait le reste de la prison.
Cette forteresse nous change des madrasas et des nombreuses mosquées que nous voyons en Ouzbékistan. Il faut dire que là-bas comme chez nous en Europe, les principaux monuments sont principalement religieux. Le site, immense, n’a pas encore été entièrement exploré par les archéologues : nul doute qu’à l’avenir, Ark nous révèlera encore bien des surprises qui nous permettront de mieux connaître l’histoire de l’Asie Centrale !
Photos de la citadelle
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