Cathédrale Saint-Pierre de Montpellier

Presque toutes les villes françaises ont leur cathédrale, et presque toutes les cathédrales sont gothiques, venues tout droit du Moyen-âge. Celle de Montpellier est pourtant très différente...

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La ville de Montpellier et sa cathédrale

Même dans une ville moderne comme Montpellier avec son quartier Antigone flambant neuf, la cathédrale est une figure centrale et emblématique de la ville. Située en plein centre ville historique, ce n’est pas forcément le premier monument que l’on voit, il faut passer par des petites rues pour en profiter, et notamment par la rue de l’école de Médecine. Faisons donc une visite à cet édifice, radicalement différent de ce que j’ai pu vous montrer de Montpellier auparavant, symbole d’une autre façon de vivre.

L’édifice est principalement de style gothique

Ecusson

Le plus ancien quartier de Montpellier se nomme l’Écusson, à cause de sa forme, en pentagone comme un ancien bouclier blasonné, l’écu . C’est ici qu’est née la ville de Montpellier, quelque part au XIe siècle. La ville connu une croissance relativement rapide, portée par son emplacement sur une route importante menant à Saint-Jacques de Compostelle : carrefour d’échanges, c’était également une ville de progrès et multiculturelle, où les musulmans, les juifs et les chrétiens faisaient du commerce, en paix. C’est avec la création de l’école de Médecine de Montpellier en l’an 1220 que Montpellier devient une ville de première importance dans le monde occidental. Cette école, devenue Université en 1289, accueillait des étudiants et des professeurs de toutes confessions.

Vue de la cathédrale depuis la cour face au Theatrum Anatomicum

Pourquoi parler de l’école de Médecine de Montpellier dans un article sur la Cathédrale? Tout simplement parce que leurs destins sont liés! La Cathédrale est pratiquement mitoyenne de l’école de Médecine: en effet, l’école s’est installée en 1795 dans l’ancien monastère Saint-Benoît, dont la cathédrale était l’ancienne chapelle. La cour d’honneur de l’école correspond d’ailleurs à l’ancien cloître, qui était logiquement adossé à son église. C’est ainsi que la Cathédrale Saint-Pierre se retrouve avec sa façade sur la rue de l’école de Médecine.

Tourelles de la façade

En passant derrière l’église…

Fort de Saint-Pierre

Le bâtiment de l’église est le plus grand de la région du Languedoc-Roussillon, ce qui n’est pas étonnant, vu que Montpellier en est la capitale. L’église originelle du monastère fut fondée en 1364 à la demande du pape d’Avignon Urbain V, et sera érigée en cathédrale en 1536, lorsque Montpellier devint le siège épiscopal de la région. Urbain V voulu ainsi honorer la ville où il étudia et enseigna. L’imposante architecture de l’église n’est pas le fruit du hasard: la cathédrale était en effet une authentique forteresse, avec des constructions défensives, et sera surnommée un temps de « Fort Saint-Pierre ». Nous pouvons encore voir aujourd’hui les vestiges de ce système de défense, assez étranges pour une église de style gothique, moins si on sait ce qui arriva tout le long du XVIe siècle.

L’église est massive, comme un château-fort

On distingue les cloches en haut de la tour de gauche

Nef principale de la cathédrale de Montpellier

Nef unique de la cathédrale de Montpellier

Guerres de religion

Les guerres de religion qui ravagèrent Montpellier et toute la France firent de nombreuses victimes, dont la Cathédrale Saint-Pierre. En 1567, sous les assauts des Protestants, l’édifice s’effondre, à coups de canon. Elle sera rebâtie, plus de 70 ans plus tard, grâce à l’énergie de l’évêque Pierre de Fenouillet. Au XIXe siècle, elle sera lourdement remaniée par Henri Révoil, lui donnant l’aspect que nous lui connaissons aujourd’hui, beaucoup plus grande que l’édifice originel. Seuls auront survécu du Moyen-âge en l’état le porche avec ses deux tours, reliées à la façade. Une chance, ce sont les éléments les plus emblématiques de cette curieuse cathédrale, très inspirée des châteaux-forts, et à juste titre quand on voit les ravages que firent les guerres entre catholiques et protestants.

L’orgue impressione par sa taille et sa majestuosité

Chœur de la cathédrale

Places latérales, et le joli travail de ferronerie

On a une petite idée de ce que pouvait être le Montpellier médiéval en venant à l’Écusson, même si les ravages des guerres défigurèrent la ville, pourtant un ancien symbole de tolérance. Voir, au bout d’une petite rue, les grandes tours carrées, avec ce porche et son baldaquin, c’est être transporté au plus profond du Moyen-âge, ce que les structures défensives, avec les contreforts, les meurtrières ou les mâchicoulis de la cathédrale nous rappelle vivement.