Les Baux-de-Provence : voyage au Moyen-âge
L’un des plus beaux villages de France se trouve dans les Bouches-du-Rhône, au sommet d’un massif rocheux : les Baux-de-Provence.
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La France est un pays qui était autrefois majoritairement rural. Nous avons hérité de cette époque une multitude de petits villages, vivant des richesses naturelles de leur région. Le village des Baux-de-Provence est préservé, riche d’une histoire millénaire, aux vieilles pierres remplies d’Histoire. Situé au cœur des Alpilles, le village est devenu l’une des principales attractions touristiques et culturelles du Sud de la France. Je ne savais pas à quel point ce petit village allait me marquer, non seulement par la beauté de ses maisons, de son château, mais aussi par la recréation d’un autre temps, la redécouverte de l’Art Militaire médiéval.
Les Alpilles sont, pour moi, une des plus belles régions de France. Souvenez-vous, Voyager comme Ulysse est né de la volonté d’explorer le monde, à la recherche du meilleur endroit pour vivre. Ce massif fait partie des meilleurs candidats au poste de « région la plus agréable de France », si ce n’était un prix évidemment trop élevé. Venir ici sera toujours un plaisir, pour le climat, pour les paysages, pour l’Histoire. Les Baux-de-Provence sont un point de repère géographique essentiel dans les Alpilles, entre Arles et Saint-Rémy-de-Provence, entre Tarascon et Saint-Martin-de-Crau.
Histoire des Baux-de-Provence
Cette place est stratégique, à la croisée de nombreuses routes, sur un massif rocheux élevé d’où on peut observer toute la région sur des kilomètres de distance. Dès la Préhistoire, les hommes avaient su exploiter ce lieu à leur avantage, comme le prouve une grotte contenant une sépulture vieille de 8000 ans. Les Celtes occuperont les Baux, transformant l’endroit en village, avec des maisons de pierre. Il faut dire que la matière première pour construire en dur est très abondante aux Alpilles, avec au Ier siècle av. J.-C. des carrières très présentes.
La population du village diminuera pendant l’ère Romaine, attirée par la proximité de la grande ville d’Arles, et l’inutilité d’avoir un village facilement défendable, la Pax Romana ayant apporté la paix dans tout l’Empire. L’identité des Baux-de-Provence telle que nous la connaissons aujourd’hui s’est principalement construite au Moyen-âge. La grande forteresse dont nous avons un maigre aperçu aujourd’hui en regardant ses ruines fut construite entre le XIe et le XIIIe siècle. Les seigneurs d’alors disaient descendre du roi mage Balthazar, ce qui explique aujourd’hui l’héraldique du village : une étoile, comme celle qui guidait les rois mages.
Au Moyen-âge, les seigneurs des Baux étaient très puissants, une des premières familles de Provence, mais subirent la concurrence du comte de Barcelone. Le château était une place-forte de premier ordre, et heureusement : avec les Guerres baussenques entre autres, elle subit de nombreux assauts, essuie de nombreux combats. Tout le monde voulait contrôler ce point stratégique au Moyen-âge, d’où on pourrait voir, à ce qu’il parait et par temps dégagé, la Mer Méditerranée ! Au XVème siècle, la dernière héritière de la lignée des seigneurs des Baux, la princesse Alix, s’éteint. La famille de Manville prendra alors le contrôle du village, mais la religion protestante s’y développant, le cardinal de Richelieu ordonnera que l’on rase le château en 1632. Aujourd’hui, le seigneur des Baux-de-Provence n’est autre que le Prince de Monaco, un titre hérité de Louis XIII. Le roi de France donna le marquisat des Baux en 1642 au premier Prince de Monaco, Honoré II Grimaldi.
Le Château-fort des Baux-de-Provence
Ce chef d’œuvre de l’architecture médiévale est pour le moins original : c’est une construction à moitié troglodytique, avec des pans de murs entiers taillés à même la roche. On mentionne dès l’an 975 la présence d’une fortification en cet endroit, ce qui en fait l’un des châteaux de l’ère féodale les plus anciens d’Europe, le « Balcium Castrum ». On ne peut être qu’impressionné lorsque d’en bas, on lève les yeux pour regarder l’imposante masse du château, dominant le village et les environs.
Ce château, à moitié montagne, à moitié œuvre humaine, battu par le Mistral et le soleil, donne, malgré son état de ruine, une forte impression de solidité. Nous ne sommes pas en train de marcher dans les décombres d’une ancienne construction, mais plutôt en train de marcher sur une sculpture, où on a taillé une montagne en forme de château-fort. Le donjon, la partie la mieux conservée de l’ensemble, date du XIIIe siècle.
Ce que j’apprécie sans doute le plus, quand je visite un endroit chargé d’Histoire, c’est de ne pas m’arrêter aux ruines. En effet, même avec une imagination débordante, il est difficile de voir dans ce qui est aujourd’hui un tas de pierre, la splendeur d’autrefois. C’est pour cela que des associations militent pour amener l’Histoire au grand public, en la rendant vivante. A la croisée de l’archéologie, de l’Histoire et de la pratique, des « reconstituteurs » s’attèlent à imaginer et recréer une époque donnée, matériellement et culturellement. Nous voyageons dans le temps avec eux, on redécouvre la vie de nos ancêtres, si proche de nous géographiquement, si loin historiquement !
Aux Baux, les reconstituteurs sont forcément des médiévistes, qui, après de solides études et recherches, construisent et font revivre devant nous d’anciens instruments de guerre. Nous pouvons ainsi voir dans ses moindres détails d’anciens instruments de siège, y compris dans leur fonctionnement, comme des trébuchets, une catapulte ou un bélier. J’ai moi-même pu effectuer un tir de trébuchet, avec d’autres volontaires venus assister aux démonstrations. Ce sont des machines incroyables, qui devaient faire des ravages dans les fortifications ennemies.
Lorsque j’y suis allé, les machines de guerre étaient animées par ACTA, des spécialistes des duels de toutes époques, notamment la gladiature. Ils sont engagés, passionnés et viennent pour une bouchée de pain animer un lieu historique et prestigieux. C’est agréable de découvrir un endroit en conversation informelle avec un passionné, le tas de pierres en ruines prend soudain forme pour être le glorieux Château des Seigneurs des Baux ! C’est tout aussi agréable de découvrir l’Art du combat médiéval, en maniant des épées et des boucliers comme à l’époque, sous la supervision d’un pro.
Les Baux aujourd’hui
Le village connu un abandon progressif depuis la Renaissance, passant de 3000 habitants à l’époque des Seigneurs des Baux à 400 au XIXe siècle. La découverte dans la commune de la bauxite, un minerai dont on extrait l’aluminium en 1821 va changer la donne. La bauxite, qui tire son nom bien sûr du village, Baux, est aujourd’hui essentielle à notre monde moderne : il suffit de penser à toutes les applications possibles de l’aluminium ! Mais le véritable renouveau des Baux, n’aura lieu qu’après la Seconde Guerre Mondiale, avec l’arrivée de Raymond Thuillier et l’ouverture de son restaurant le « Oustau de Baumanière », fixant ainsi les Baux sur la carte gastronomique internationale. En 1958, les Baux prennent le nom des « Baux-de-Provence » et s’inscrivent définitivement dans le paysage touristique.
Le village est aujourd’hui un petit centre artistique de qualité. En effet, quelques artistes reconnus sont venus s’installer aux Baux, comme feu Yves Brayer, un peintre majeur du XXe siècle. Un musée lui est par ailleurs consacré dans le village. Les artistes sont venus ici chercher la qualité de vie, dans un cadre propice à la créativité, profitant de la lumière provençale. Dans le vieux village, il n’y a pas de voitures, pas de scooter, la circulation est strictement piétonne. On stationne en bas, le long de la route, qui sépare l’ancien village, « l’attraction touristique », du nouveau village, où habitent la plupart des habitants de la commune.
Pour ma part, même si Les Baux-de-Provence sont sans conteste l’un des plus beaux villages que j’ai connu, le battage médiatique à leur égard, la quasi permanence de touristes (c’est quand même l’un des villages les plus visités de France) me rebutent. Trop touristique à mon goût. C’est un village-musée que l’on visite, mais qui n’a pas vraiment de vie « quotidienne ». Où est le supermarché ? Des musées, il y en a, des boutiques de souvenirs, il y en a, des restaurants de luxe, pareil, mais pour acheter du papier toilette… Vous voyez où je veux en venir, les désavantages de la ville sans les qualités de la campagne, en somme.
Donnez-moi la même chose sans les touristes et quelques infrastructures minimales pour une famille, et je déménage ! C’est un plaisir que de découvrir ces façades Renaissance, ces pierres du Moyen-âge, ces carrières antiques, baignées dans un soleil abondant et une nature généreuse.
Photos des Baux-de-Provence
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