Basilique de Superga à Turin, plus beau panorama des Alpes
Turin, ville italienne au pied des Alpes, traversée par le Pô, est habituée aux paysages majestueux. Entourée de nombreuses collines, l’une d’entre elles est à la ville ce qu’un diamant est à une bague : Superga.
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C’est un nom dérivé du mot « serrapergia » signifiant « montagne entre les collines ». La très belle basilique que l’on peut y admirer depuis le XVIIIème siècle est un symbole de liberté pour les turinois : elle commémore la défaite de Louis XIV et la fin du siège de la ville de Turin.
Colline de Superga
En se promenant à Turin, en flânant le long du fleuve, impossible de ne pas voir au loin, ornant la colline, la basilique. On imagine facilement que si on peut voir cette église de partout dans le Piémont ou presque, on peut également voir toute la région de la haut ! Le philosophe Jean-Jacques Rousseau, lorsqu’il visita Turin et sa colline de Superga pour la première fois, alors que la basilique était encore en construction, déclara : « j’ai devant moi le plus beau spectacle qui puisse affecter l’œil humain ».
Ayant vérifié par moi-même les dires de Rousseau, je confirme que le spectacle qui s’offre à nos yeux est époustouflant de majesté, mais aussi de calme, de silence, un paysage qui incite à la méditation et à la réflexion. Peut-être faut-il trouver ici une des raisons de la conversion du philosophe au catholicisme ? Du haut de ses 672 m, la colline domine le Parc Naturel de la colline de Superga : il fallait bien ça pour protéger ce lieu si spécial, où les turinois viennent se ressourcer, à la recherche d’un peu de nature et d’air pur.
Le panorama que l’on peut y apprécier, sur Turin et sur les Alpes vaut à lui seul la visite de ce lieu magique : du Mont Viso au Mont Rose. En bas, dans la plaine du Pô, s’étale la ville de Turin, capitale du Piémont et quatrième ville d’Italie. Les principaux monuments de la ville sont clairement visibles, comme le symbole de la ville qu’est le « Mole », ou le Lingotto, ancienne usine emblématique de FIAT. Mais au-delà de ces points de référence, la réserve naturelle de Superga, à deux pas d’une grande ville industrielle comme Turin est un havre de paix, lieu privilégié de promenade.
En stationnant sur le parking de la basilique, au pied de l’édifice, une bien curieuse statue se dévoile aux visiteurs : un guerrier celte au casque ailé, au pied d’une colonne surmontée d’un aigle. Au-delà de l’image erronée donnée des celtes – qui n’ont jamais eu de casques ailés – cette statue représente une allégorie de l’assassinat du roi d’Italie Humbert Ier, tombé aux mains d’un anarchiste en 1900. Le celte représenterait la ville de Turin.
Histoire de la basilique de Superga
En 1706, l’armée française de Louis XIV assiège la ville de Turin, après de nombreuses victoires contre les autres villes du duché de Savoie. Nous étions alors en pleine Guerre de succession d’Espagne, et le Duc de Savoie Victor Amédée II choisit d’être du côté des ennemis de la France : l’empire Autrichien, la Prusse, l’Angleterre et la Hollande.
De nombreuses erreurs stratégiques françaises, mais aussi de nombreux actes de bravoure savoyards permirent à Turin d’être libérée le 7 septembre 1706, après presque 4 mois de siège. Victor Amédée II et son cousin le Prince Eugène, génial commandant des armées autrichiennes, firent le vœu, du haut de la colline de Superga d’où ils observaient le déroulé des opérations, de construire une grande basilique en cet endroit en remplacement de la petite église qui s’y trouvait s’ils sortaient vainqueurs de cette confrontation avec les français. La basilique serait alors dédiée à la Vierge Marie. Le vœu avait été fait à la « Madonna delle Grazie », Vierge de Toute Grâce, une statue en bois de la Vierge Marie qui se trouvait dans l’ancienne petite chapelle. Aujourd’hui, cette statue se trouve dans la Chapelle du Vœu, à l’intérieur de la basilique.
En mémoire de cette victoire décisive pour le duché de Savoie, on chante un Te Deum à la basilique tous les 7 septembre.
Victor Amédée II est un homme de parole : les travaux de la nouvelle basilique débutent en 1716, une fois Turin restaurée et les coffres de l’Etat remplis. Pour la réaliser, c’est l’architecte de confiance du souverain qui est choisi : Filippo Juvarra. Le sicilien ne décevra pas, et est le grand responsable de l’embellissement de la capitale du Piémont. On lui doit, en plus de la basilique, la façade du palais Madame, le pavillon de chasse de Stupinigi ou le château de Rivoli, dans les environs de Turin. Les turinois appellent affectueusement Juvarra « architecte des rois et roi des architectes ».
Cette nouvelle église est un chantier ambitieux, à un endroit difficile d’accès. Les matériaux doivent être acheminés à dos d’âne, le haut de la colline doit être considérablement aplani : la colline a perdu 40 m de hauteur ! Dans un monde où l’essentiel du travail était fait à la force de l’homme et de l’animal, nous ne pouvons que rester admiratifs. La première pierre sera posée le 20 juillet 1717. La basilique sera inaugurée en 1731, encore en travaux, par le fils de Victor Amédée II, Charles-Emmanuel III, nouveau duc de Savoie et sera finalement consacrée en 1749.
Architecture de la basilique de Superga
Le projet réalisé par Juvarra est un Baroque tardif teinté de Rococo et surtout de néoclassicisme, style alors naissant : le pronaos et ses colonnes sont directement inspirés du Panthéon de Rome. Le néoclassicisme se retrouve dans le plan centré de la basilique en croix grecque. Longue de 51 m, large de 34 m et haute de 75 (hauteur de la coupole), cette église possède deux clochers jumeaux, une caractéristique assez rare à cette époque.
A l’intérieur, pavé de marbre, on peut y trouver la chapelle du Vœu, l’autel majeur et 6 chapelles latérales.
Un escalier en spirale de 131 marches permet d’accéder au balcon en haut de la coupole et sa vue époustouflante sur les environs de la colline de Superga.
Aux côtés de la basilique se trouve également un couvent, toujours réalisé par Filippo Juvarra. Les 12 prêtres de la « congrégation de Superga » avaient pour mission de s’occuper de l’église et de la crypte royale. Le cloître du couvent présente en son centre un jardin à l’italienne, ornementé d’un puits avec un toit en forme de pagode chinoise. Petite info touristique : l’accès au cloître, aux appartements royaux et surtout à la crypte royale de Superga sont payants.
Crypte Royale de Superga
Dès 1711, sur son projet, Filippo Juvarra avait prévu la construction d’un tombeau familial pour la Maison de Savoie, mais il ne pourra pas aller plus loin que la simple intention, par manque de fonds. Ce n’est qu’en 1774 que les travaux pourront commencer, par la volonté de Victor-Amédée III, pour se terminer 4 ans plus tard, sous la houlette de l’architecte Francesco Martinez, petit-fils de Juvarra.
On y accède par une entrée latérale, assez discrète au vu de ce qui attend le visiteur une fois entré dans la crypte. A ce jour, 62 membres de la Maison de Savoie se trouvent dans cette crypte de plan en croix latine. La plupart des superbes sculptures que l’on peut y voir ont été réalisées par les frères turinois Ignazio et Filippo Collino.
La salle des rois
Au centre de la crypte, exactement sous l’autel central de la basilique, se trouve le Sarcophage du Roi, monument funéraire en l’honneur de Charles-Albert, roi de Sardaigne. Dessiné par Francesco Martinez, c’est un vibrant hommage au fondateur de la monarchie constitutionnelle de Sardaigne, à l’origine de la première constitution d’Italie. Cet espace central devait être dédié au dernier souverain régnant, mais les successeurs de Charles-Albert, devenus rois d’Italie, sont inhumés au Panthéon, à Rome. Victor-Emmanuel II, qui avait pourtant exprimé le désir de reposer à Superga, est ainsi à Rome, pour satisfaire la commune de la capitale d’Italie.
La salle des enfants
Cette salle latérale est dédiée aux princes, morts avant l’âge adulte. 14 enfants et 9 adultes y reposent.
Salle des reines
Trois reines de la Maison de Savoie y sont inhumées. Marie Thérèse, femme de Charles-Albert, Marie Adélaïde d’Habsourg, femme du premier roi d’Italie et morte en couches et finalement Maria Vittoria dal Pozzo, femme du roi Amédée Ier d’Espagne.
Les appartements royaux
Victor-Amédée II voulait pouvoir se reposer de temps à autre, loin de l’agitation de Turin, où il pourrait venir pour ses vieux jours. Pour cela, il demanda à ce qu’on réalise des appartements jouxtant la basilique et le couvent. Les travaux n’ont pu être faits par Juvarra. On choisira d’utiliser quelques chambres du premier étage du couvent pour réaliser la résidence secondaire de la famille royale.
Le restaurant et la cafeteria
Au sein même de l’édifice se trouvent un restaurant, et une cafeteria. Le restaurant, le « Ristoro del Priore » est minuscule, caché dans les édifices jouxtant l’église, au bout d’un petit escalier. Il propose des plats piémontais. Un superbe accueil, une très bonne cuisine pour un tarif raisonnable, je me permets de faire de la publicité, surtout quand c’est bon ! Le serveur était serviable, avec en clou du spectacle un dessert typiquement de la région : le bonèt, un flan au chocolat et amaretti ! Je n’ai pas regretté mon choix, alors que j’étais pourtant venu manger une autre spécialité piémontaise, la célèbre panna cotta.
La cafeteria propose de quoi se restaurer rapidement (panini, pizza…), bien sûr un bon café ou pourquoi pas un « Bicerin » ou, si l’on veut, quelques produits typiquement piémontais.
On peut également profiter des 19 chambres d’hôtes de Superga ou de la salle de conférences « Sala Peterlin ».
Le drame de Superga
Quand on fait le tour de la basilique et de son couvent, on s’aperçoit que la partie arrière du couvent est partiellement démolie. En regardant à la base du mur, on peut y trouver un hommage à une équipe de football, ce qui peut sembler étrange au premier abord.
En 1949, Le Torino Football Club, équipe de football plusieurs fois championne d’Italie, pratiquement invincible à l’époque, revient d’un match amical avec le Benfica de Lisbonne. Leur avion, transportant pratiquement toute l’équipe, s’écrase sur la colline de Superga, dans des circonstances encore mal connues : mauvaise visibilité ? Erreur des pilotes ? On ne le saura sans doute jamais, mais le couvent en porte encore les marques, qu’on a choisi de ne jamais effacer.
Ce drame affreux est remémoré tous les 4 mai à Superga par les dirigeants du club et les joueurs, le jour de l’anniversaire de la catastrophe. Depuis cet accident, le Torino Football Club ne fut plus jamais la grande équipe qu’il avait été.
Le train de Superga
Dans la ville de l’automobile reine, à qui la « Fabbrica Italiana Automobili Torino », FIAT, restera à jamais associée, il existe un bien curieux chemin de fer. Reliant le quartier de Sassi à la basilique de Superga, il s’agit d’un chemin de fer à crémaillère : au milieu de la voie, une crémaillère permet au train de remonter une pente ardue de 3 km comme peut l’être celle de la colline de Superga, avec une pente de 13,5% en moyenne, et jusqu’à un maximum de 21% sur sa partie finale. Le dénivelé est de 425 m !
C’est peut-être cette difficulté à gravir la colline qui inspira en 1925 Walter Martiny, lors de la création de la première chaussure sportive « Superga », une marque turinoise toujours en vogue de nos jours.
Si les locomotives électriques datent de 1934, lorsque l’ancien funiculaire de 1884 fut transformé en chemin de fer à crémaillère, les wagons sont toujours de 1884 ! On peut dire qu’à l’époque, on savait construire du solide, surtout lorsque l’on regarde les machines d’aujourd’hui, vite obsolètes au bout de quelques années. Il faut dire, en défense de nos engins modernes, que cette ligne n’est plus vraiment utilisée intensivement, la route et la voiture étant largement préférés. On peut dire que ça aide à faire durer.
Photos de Superga
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