Artisanat en Ouzbékistan
L'artisanat ouzbek est comme le pays : de par sa position centrale, il est influencé par de nombreuses civilisations, de la Chine à l'empire Russe en passant bien sûr par l'Islam ou l'Iran. Ces influences lui donnent une originalité que l'on retrouve bien souvent dans le mobilier urbain d'Ouzbékistan, directement inspiré des productions artisanales du pays.
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Comme partout, l’artisanat s’oriente de plus en plus vers les touristes, même si le tourisme est encore bourgeonnant. Pour la plupart de ce que nous avons pu voir lors de notre séjour dans le pays, il est encore utilitaire ou décoratif avant tout, sur des objets qui ne sont pas (encore) produits industriellement. Chaque région du pays a bien sûr sa spécialité, comme la céramique de Ferghana ou les couteaux de Boukhara.
La peinture et les enluminures
Les enluminures d’Ouzbékistan sont issues en ligne directe de la tradition persane et de ses miniatures, avec des éléments figuratifs, où sont souvent représentés, Route de la Soie oblige, des caravaniers. Il existe également une longue tradition de peinture murale, visible notamment à Afrasiab, où se trouvent des vestiges archéologiques datant de l’époque des Sogdiens, avant l’arrivée de l’Islam au VIIème siècle. Pour l’anecdote, c’est aussi à Afrasiab qu’a été retrouvé le plus ancien jeu d’échecs connu.
Artisanat du bois
Le travail sur bois ouzbek est remarquable. Un des objets les plus emblématiques est le lutrin, sculpté à partir d’une seule pièce de bois. Il faut savoir que le bois est assez rare dans ce pays désertique, et donc précieux. On retrouvera un soin particulier dans les décorations de nombreuses portes, y compris les plus modestes, ou sur des pièces de mobilier traditionnelles, comme le chorpoi.
Un des objets qui m’a fait le plus d’impression, c’est cette tablette de bois finement gravée en écriture coufique, puis peinte. C’est un objet vendu aux touristes, qui, comme moi, ne prêtent pas forcément attention à la portée religieuse de ce verset du Coran. Un musulman, j’imagine, saura lui donner l’importance qu’il mérite, au-delà du respect envers le savoir-faire de l’artisan.
Artisanat céramique
D’utilitaire, la céramique traditionnelle est devenue décorative, avec ses objets finement travaillés. Assiettes, pots, vases, tout autant de chefs d’oeuvres que l’on peut retrouver un peu partout en Ouzbékistan, mais plus particulièrement à Richtan, dans la vallé de Ferghana : comme ailleurs, les potiers s’installent toujours où se trouve les bons filons d’argile. L’art de la majolique, que l’on retrouve sur presque tous les monuments religieux, permet un art subtil et détaillé à la fois. Les motifs sont presque toujours géométriques, tradition islamique oblige.
Artisanat textile
Le tissu est l’Ouzbékistan, c’est une longue histoire d’amour. Il suffit de se souvenir que nous sommes ici dans l’un des principaux pays producteurs de coton au monde pour le comprendre, un pays traversé par la Route de la Soie ! C’est en Ouzbékistan que l’on trouve le tissu adras, mélange de soie et de coton, toujours très colorés. Les tissus sont d’ailleurs souvent teintés de mille et un motifs, et se retrouvent dans l’habillement féminin ouzbek : c’est l’art de l’ikat, où les fils sont teintés de plusieurs couleurs avant d’être tissés. Inutile de vous dire que la broderie et l’art vestimentaire ouzbek est d’une finesse extraordinaire.
En bons héritiers de la culture persane, les ouzbeks sont également très bons dans l’art de la tapisserie, mais, internationalement, ce sont les suzanis qui font la réputation de l’art textile de l’Ouzbékistan.
Suzani
Le mot persan « suzan », aiguille en français, a donné le terme ouzbek « suzani », soit le travail des aiguilles. Il s’agit en fait de broderie, répandue dans toute l’Asie Centrale.
En Ouzbékistan, chaque région possède sa manière de faire les suzanis. Ce sont des tissus décoratifs, le plus souvent en coton, parfois en soie, brodés dans l’un de ces deux textiles, voire les deux. L’origine des suzanis se perd dans la mémoire des hommes, certaines descriptions datant de l’époque de Tamerlan semblant déjà correspondre à ce tissu décoratif.
Artisanat du métal
Les beaux objets forgés sont nombreux en Ouzbékistan. Je garde un souvenir ému de ce fabricant de belles lames à Boukhara, qui fabriquait aussi bien le simple couteau que le plus beau des sabres. Mais la beauté n’est pas tout : le couteau que j’ai acheté il y a maintenant quelques années coupe toujours aussi bien qu’un cutter! Pour le touriste que je suis, l’artisan avait gravé mon prénom sur la lame.
Instruments de musique
Fabriquer un instrument de musique, c’est peut-être le summum de l’artisanat. L’objet doit non seulement être beau, comme il se doit bien évidemment d’avoir une sonorité irréprochable. C’est un savoir qui se transmet de père en fils, où plusieurs techniques se mêlent pour le bien de la musique : le travail du bois et du métal, réunis dans un même objet.
Artisanat et mobilier urbain
L’Ouzbékistan, avec son artisanat à l’identité si forte, se devait de le reprendre dans son mobilier urbain. Il n’est pas rare de retrouver des motifs typiquement ouzbeks sur des objets pourtant issus de l’industrie. Je connais certains pays occidentaux qui pourraient s’en inspirer! De plus, il n’est pas rare de voir des objets souvent très moches chez nous camouflés… vous allez comprendre en regardant la photo suivante !
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