Allauch, village provençal aux portes de Marseille
Sur les collines qui entourent Marseille se trouve une petite ville provençale, Allauch. Face au Garlaban, où jouait Marcel Pagnol étant enfant, les allaudiens défendent coûte que coûte aujourd’hui leur art de vivre.
Table des matières
Il n’y a pas si longtemps, les belles collines et les vallées entourant la cité phocéenne étaient vouée à l’agriculture et à l’élevage. La forêt était encore omniprésente, et les villages du Garlaban étaient, pour un marseillais, des coins reculés réservés aux paysans, loin de l’agitation de la ville. En se promenant à Allauch, on le sent que ce passé datant de nos grands-parents n’est pas si lointain…
Allauch et ses collines
La commune d’Allauch est l’une des plus grandes des Bouches-du-Rhône. S’étalant sur plus de 50km², ce n’est pourtant pas l’une des plus habitées. Il faut dire que la majorité de son territoire est occupé par les imposants massifs du Garlaban et de l’Etoile, les collines d’Allauch. Au centre, à cheval sur les deux massifs, le parc de Pichauris, où les promeneurs nostalgiques de la Provence rurale peuvent venir se ressourcer.
Les collines étaient le terrain de jeux de Pagnol, et surtout, sa source d’inspiration. C’est dans ses collines que se trouve la grotte de Grosibou, c’est là que vit Manon des Sources ! Aujourd’hui, après plusieurs incendies majeurs, les arbres ont fait place à la garrigue, aux pierres nues et aux randonneurs, d’Allauch à l’autre bout du Garlaban, Aubagne.
La beauté des collines, épargnées par la pression immobilière, permet à tout allaudien d’avoir une belle vue, sur la nature encore sauvage, encore libre de la main de l’homme. Mais cette beauté a un prix : les collines sont un véritable rempart. Ainsi, les routes sont peu nombreuses et souvent sinueuses. Aubagne, qui n’est pourtant pas loin à vol d’oiseau, semble de ce fait presque être le bon du monde pour un des plus de 20 000 habitants d’Allauch.
Allauch et ses quartiers
Allauch, à l’instar de Marseille, n’est pas une ville monolithique, mais plutôt une succession de villages. La plupart des allaudiens vivent dans une aire finalement assez réduite, les collines étant inhabitables. Les quartiers possèdent leurs propres traditions, leurs propres fêtes, et même leurs propres institutions, avec des « maisons de quartier », des mairies annexes, des églises ou des chapelles
Le Village
Il s’agit du centre historique, perché sur sa colline, surmonté de la Chapelle d’Allauch, vestige de l’ancien château d’Allauch. Son église, Saint-Sébastien d’Allauch, se trouve en plein centre du village, sur la place Joseph Chevillon, ancien maire d’Allauch, dont le fils, Frédéric Chevillon et également maire d’Allauch, mourut pour la France pendant la Première Guerre Mondiale alors qu’il était maire et député.
C’est au Village que l’on retrouve l’image du village provençal à l’ancienne, mais ce n’est pas ici que se trouve la majeure partie de la population. Avec le temps, les allaudiens ont préféré vivre au pied des collines, une situation plus confortable quand on vit au XXIème siècle.
Le Logis-Neuf
Situé à une extrémité de la « Route des Termes », une route sinueuse menant à Peypin et bien connue des motards et des cyclistes, le quartier du Logis-Neuf est construit autour de son église, Saint-Laurent de la Bourdonnière. C’est une des deux grandes paroisses de la commune.
Le moment fort de l’année au Logis-Neuf, c’est la grande cavalcade pendant les fêtes de la Saint-Laurent, le patron de la paroisse. Défilé de chars et de personnes habillées « à la provençale » sont au rendez-vous, pour le plus grand bonheur des habitants en plein mois d’août. La plupart des allaudiens vivent au Logis-Neuf, lui-même composé de quartiers plus petits, comme La Bourdonnière ou La Fève.
Les autres quartiers d’Allauch, moins peuplés, sont très résidentiels, majoritairement constitués de maisons. Le quartier de la Pounche est traversé en son milieu par le canal de Marseille, celui de Pié d’Autry a peut-être connu le château primitif d’Allauch.
Fontvieille
C’est le poumon économique d’Allauch, avec son parc d’activités. C’est ici que se trouve le Golf d’Allauch ou la Bastide de Fontvieille, également connue sous le nom de château de Fontvieille. C’est à la Bastide qu’on lieu les Estivales, des concerts d’été à Allauch. A Enco de Botte, tout proche et à la frontière de Marseille, va se trouver le futur complexe scolaire.
En France, les querelles de clocher ont toujours existé. C’est ainsi qu’autrefois, Allauch était bien plus grande et habitée, mais les rivalités incessantes entre ses différents quartiers ont provoqué en 1937 la scission de Plan-de-Cuques, à la lisière de Château-Gombert, quartier de Marseille. Cette rivalité, toujours présente, n’empêche pourtant pas les habitants d’Allauch, de Plan-de-Cuques et de Château-Gombert de partager un même socle historique et culturel.
Une brève histoire d’Allauch
Les collines et ses grottes présentaient un cadre de vie idéal pour l’Homme de la Préhistoire, faisant d’Allauch un des lieux de peuplement les plus anciens de France. Comme toujours lorsque l’on parle de temps très reculés, la légende se mêle à l’Histoire.
Lorsque que Protis, capitaine des phocéens choisit de s’établir sur le site de Marseille, il épousa une femme issue de la tribu gauloise des environs, Gyptis. A en croire la légende allaudienne, Gyptis serait la fille de Nann, chef des Ligures Segobriges établis à Allauch.
Si aujourd’hui, les habitants d’Allauch défendent farouchement leur identité face à Marseille, c’est sans doute parce que pendant des centaines d’années, la ville n’y a jamais été rattachée. En effet, lorsque Marseille choisit de s’allier à Pompée plutôt que César, ce dernier, pour punir la cité phocéenne, lui retira ses territoires, dont Allauch, désormais partie intégrante d’Arles puis d’Aix-en-Provence. De cette période romaine, Allauch hérita probablement son nom d’une ancienne et hypothétique propriété d’un certain Allaudius, « allouette » en français.
Un monastère des soeurs cassianites s’installe à Allauch, attesté au moins à l’époque de Charlemagne. Avec l’occupation de la Provence par les Sarrazins, les seigneurs d’Allauch durent résister de toutes leurs forces contre l’occupant, qui assiégèrent le village au Xème siècle. Lors du siège, une inspiration divine dicta aux archers de lancer au-delà des remparts les derniers pains qui restaient. Les Sarrazins, croyant que la ville avait assez de vivres pour tenir encore de longs mois leva le siège. Le blason de la ville évoque cette époque, avec les trois étoiles accompagnant la Lune que les allaudiens aperçurent cette nuit-là, ainsi que les deux pennes de flèches, évoquant les archers.
Lorsqu’au XIIème siècle, Allauch passe sous la juridiction des Chanoines de la Cathédrale de la Major de Marseille, et le restera jusqu’à la Révolution. A leur arrivée, un château est construit, en remplacement de l’ancien château devenu trop vétuste. Le choix de l’emplacement pour ce nouveau castrum fut porté sur le mont Rodinaccus, aujourd’hui connu sous le nom de colline de Notre-Dame du Château.
Le château sera détruit à partir de 1594, pendant les Guerres de Religion, de peur qu’il ne soit utilisé par la faction ennemie. C’est à cette période que Château-Gombert est détaché d’Allauch pour désormais faire partie intégrante de Marseille, suite à des conflits entre ses habitants et le curé de la paroisse d’Allauch, Saint-Sébastien. Il s’agissait surtout d’intérêts économiques divergents.
Aux portes des possessions de l’évêque de Marseille, dans l’actuel parc de Pichauris, se trouvait un autre château, le château de Ners. Construit également au XIIème siècle, il surveillait l’entrée du territoire d’Allauch, et surtout, permettait à l’évêché d’appliquer des droits de péage. Il n’en reste aujourd’hui que quelques ruines.
Ce n’est qu’en 1791 qu’Allauch est enfin redevenue partie intégrante du district de Marseille, selon le souhait de ses habitants. Au début du XXème siècle, la population encore majoritairement paysanne voit arriver le tramway la reliant à Marseille, accélérant sa mutation de commune rurale à celle que l’on connait aujourd’hui. De ces temps ruraux ne subsiste aujourd’hui guère qu’une chèvrerie, où est encore produit un fromage de chèvre.
Les moulins d’Allauch
Dans un pays agricole et surmonté de collines, où le vent, le Mistral souffle, la présence de moulins à vent était logique. Les premiers moulins sont arrivés très vite, dès le XIIème siècle, probablement dans l’enceinte du château. Ils changèrent plusieurs fois de place, au gré des besoins urbanistiques.
Ils déménagèrent une première fois à l’emplacement actuel de l’église Saint-Sébastien. Quand le projet d’église prit forme, on déménagea encore une fois les moulins vers l’esplanade des moulins, le premier en 1530 puis tout au long du XVIème siècle. Ils venaient en remplacement des moulins à eau, victimes d’une sécheresse qui assoiffa la région et les moulins quelques années auparavant.
Ils cessèrent d’être fonctionnels à jamais lorsque dans les années 1950, à l’occasion de la construction d’un bassin réservoir, les moulins ne pouvaient plus recevoir assez de vent pour fonctionner.
Laissés en l’état, deux moulins furent restaurés : le moulin Ricard et le moulin Camoin. Ils servent aujourd’hui de référence culturelle. De l’esplanade, nous avons un point de vue exceptionnel sur Marseille et sa Bonne-Mère.
La chapelle d’Allauch
Omniprésente dans le paysage allaudien, la chapelle Notre-Dame-du-Château-d’Allauch est le dernier vestige du château des chanoines. De par sa situation privilégiée, on peut la voir de partout. Originellement de style roman, la chapelle subit plusieurs modifications le long des siècles, son aspect actuel datant de 1859. C’est à cette période que la chapelle sera surmontée d’une statue de la Vierge.
La vue que l’on peut avoir sur la rade de Marseille lui a valu des noms alternatifs évocateurs : chapelle de Beauvoir ou de Belvezer en sont de bons exemples. Lieu de pèlerinage, la chapelle est également un sanctuaire, abritant de nombreux ex-votos. Rien que pour cette vue, monter le parcours sinueux et empierré qui mène à la chapelle en vaut la peine.
La descente des bergers
Autrefois, les bergers célébraient la naissance de Jésus Christ, en se rendant à la messe de Noël en cortège, le pastrage. Cet évènement a été conservé à Allauch, avec la descente des bergers chaque 24 décembre au soir, dans la plus pure tradition provençale. Aujourd’hui, il s’agit d’une crèche vivante, parlée en provençal, un spectacle offert aux milliers de visiteurs, mettant en scène à la chapelle d’Allauch les différents acteurs d’une crèche provençale.
Allauch est un village qui veut conserver ses traditions, malgré la pression de la modernité. C’est ainsi que la municipalité fait des pieds et des mains pour empêcher la construction démesurée de logements sociaux, qui viendraient changer la configuration sociale de la ville, quitte à payer de lourdes amendes. Pour ma part, plutôt que de construire de nouveaux immeubles qui viendraient défigurer le côté provençal d’Allauch, je préférerais que les logements vacants soient rachetés par la ville afin d’en faire des logements sociaux. Tout le monde sera gagnant.
Sources
- www.allauch.com Le site de la mairie
- provence.allaudienne.free.fr
le site personnel d’un passionné d’Allauch - fr.wikipedia.org/wiki/Allauch
- Un livre offert par la commune de Plan-de-Cuques, « Plan-de-Cuques… la belle, la rebelle ! »
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