Week-end à Avon, au Couvent des Carmes
Qui a dit qu’il fallait partir loin pour être totalement dépaysé ? Certainement pas moi.
Table des matières
Les frères Carmes
Le bonheur est parfois juste à coté. J’ai découvert récemment un lieu de grand calme, de grande tranquillité, qui nous transporte loin des tracas de la ville, mais qui se trouve pourtant à proximité de Paris, à portée de Transilien : le Centre Spirituel d’Avon, et son Couvent des Carmes. C’est un lieu idéal pour ceux qui veulent un moment de pause et de réflexion. On peut y aller pour réfléchir, et se consacrer uniquement à cette réflexion, loin, mais alors très loin du quotidien de la ville, en compagnie des Frères Carmes, très accueillants.
Avon est une ville juste à coté de Fontainebleau. Elle partage d’ailleurs avec cette dernière la Gare de Avon-Fontainebleau, et forme avec Fontainebleau une seule agglomération. Le centre-ville a conservé son aspect de vieux village, avec ses petits immeubles et sa très ancienne église, l’église Saint Pierre, qui date du XIème siècle. Cette église est reconnaissable entre mille, avec son auvent du porche si particulier, datant du XVIIème siècle. Mais la plus grande particularité d’Avon, c’est sa proximité avec la nature : la Seine est toute proche, et surtout, la Forêt domaniale de Fontainebleau, ce qui en fait un lieu de toute quiétude, quelque part dans le département de la Seine-et-Marne.
Le détail qui me fait plaisir, c’est de savoir que Lilian Thuram a grandi à Avon, son premier club étant « Les Portugais de Fontainebleau ». La classe, et un petit clin d’œil à mon site sur le Portugal ;)
Le Couvent des Carmes
Le Couvent des Carmes actuel occupe les locaux d’un ancien hôpital, fondée au XVIIème siècle par Anne d’Autriche, et sera agrandi successivement depuis lors. Son ancien nom était la « Charité d’Avon », et connu des années difficiles à partir de la Révolution. Ce n’est qu’en 1860 qu’il sera confié aux Rédemptoristes, puis, à partir de 1920 finalement, aux Frères Carmes.
Père Jacques
Lorsque l’on nous fait la présentation du lieu, on ne manque pas de nous présenter également le Père Jacques. La rue par laquelle on arrive au couvent porte d’ailleurs son nom. Cette haute figure de la résistance française lors de la seconde guerre mondiale a protégé des enfants juifs, ce qui lui a valu d’être considéré par l’état d’Israël comme étant un « Juste parmi les nations ». C’est surtout son combat dans la résistance qui provoquera sa déportation. Il mourra peu après sa libération du camp de concentration, en Autriche. C’est le Père Jacques de Jésus qui fonda le Petit Collège Sainte-Thérése de l’Enfant-Jésus, au couvent des Carmes d’Avon, d’où son étroite relation avec le couvent. En 1967, le Petit Collège est devenu le Centre Spirituel actuel.
Il a inspiré le film « Au revoir les enfants » de Louis Malle, basé sur des faits vécus par le réalisateur à Avon pendant l’occupation allemande.
Une personne dont la vie peut inspirer les visiteurs, ceux qui sont venus pour réfléchir, le temps d’un week-end. Certains viennent réfléchir en groupe, d’autres en individuel. Certains viennent chercher le silence. Certains encore viennent réfléchir sur leur vie de couple et se préparent au mariage, d’autres sont déjà mariés et veulent faire le point, d’autres encore sont juste là pour se ressourcer et repenser leur relation avec Dieu ou d’autres activités pas forcément religieuses.
Le Centre Spirituel
Le Centre Spirituel propose plusieurs conférences, sur plusieurs thèmes. Je vous l’ai dit, de nombreuses personnes viennent au Couvent pour réfléchir, soit en solo, soit en assistant à des conférences en groupe, données par un des Frères Carmes. Nous sommes loin ici des clichés que l’on peut avoir sur la vie monastique, on imagine volontiers des moines retirés du monde, ignorant la réalité, se coupant volontairement de toute distraction. Non, ici, nous avons affaire à des personnes qui connaissent la vie au quotidien, qui ont un passé, une expérience à partager. Il est toujours intéressant de voir l’opinion de ces religieux sur des thèmes précis, qui peuvent être radicalement différents de ce que les médias veulent nous faire croire.
Sans doute parce que les médias confondent dogme et flexibilité : ce n’est pas parce que l’on ne respecte pas à 100% le dogme que l’on va partir en Enfer, ou que l’église nous condamne. C’est le cas par exemple du préservatif, qui n’est pas condamné par l’église, mais doit être utilisé pour éviter un mal plus grand. Je prends en exemple une des choses que le Frère Antoine-Marie Leduc (un Frère Carme de Lisieux, venu exprès à Avon pour donner un cycle de conférences) prend en exemple lors de ses conférences : un couple de catholiques n’utilisait pas le préservatif, parce que selon eux, c’était un pêché. Ce qui devait arriver arriva : la femme tomba enceinte. Mais tout irait pour le mieux du monde si l’enfant avait été désiré ! Mais là, elle avorta. L’enfant n’était pas désiré, et au final, elle finit par commettre une « infraction » bien plus grave aux yeux de l’Eglise. De deux maux, il vaut mieux choisir le moindre, n’est ce pas ?
C’est sur ce genre de choses que le Centre Spirituel permet de réfléchir : à la fin de chaque conférence, un questionnaire auquel nous devons répondre. Personne ne va le lire, personne ne va le corriger. Il est juste là pour permettre à tout un chacun de prendre un moment, et, si on est en couple, de connaître l’opinion de son conjoint. On peut parfois avoir des surprises.
Le Centre Spirituel, malgré son nom, permet de réfléchir ainsi à de nombreux thèmes, qui n’ont pour la plupart au final que peu de rapport à la religion : nous parlons ici de quotidien, de comment réagir face à une situation donnée. C’est parfois du bon sens, tout simplement, ou de la logique. Il n’est même pas nécessaire d’être baptisé, ou même croyant pour y aller : il faut juste avoir envie de prendre le temps de respirer et de se poser les questions qui nous feront avancer en tant que personnes. Beaucoup plus instructif qu’un week-end à Deauville.
Week-end chez les Frères
Passer un week-end au couvent, c’est également se soumettre un peu, par politesse, à la vie monastique. Arrivés le vendredi soir après le boulot, et repartis le dimanche en fin d’après-midi, ces deux jours donnent une petite idée de la vie d’un religieux, qui est très rythmée : il n’y a pas de temps morts, tout est minuté.
Ce rythme peut être parfois compliqué à gérer : ce n’est pas de tout repos, personne n’est ici en « vacances », il faut bien le comprendre. Ce qui repose par rapport à la vie en ville, c’est justement ce changement de rythme, ce dépaysement, qui permet de faire une coupure complète avec la vie citadine. Voici le programme d’un samedi chez les Frères :
8h00 : Laudes. On chante dans la Chapelle pour bien commencer la journée. Les Frères sont de très bons chanteurs, ce qui n’est pas étonnant, ils ont eu le temps de perfectionner leur technique.
8h30 : Petit-déjeuner, Il faudra débarrasser la table, aider à sécher la vaisselle (oui il y a un lave-vaisselle industriel, rassurez vous) et remettre la table pour le déjeuner… et je vous rassure, les Frères mangent bien :D
9h00 : Questionnaire. A nous d’y répondre. Les thèmes peuvent varier, suivant le but de notre visite au Centre Spirituel.
9h45 : Conférence. D’une durée d’une heure, il aborde un sujet précis.
10h45 : Questionnaire, sur le thème de la conférence.
11h45 : Eucharistie. On assiste à la messe par « politesse » selon leurs propres termes, si on n’est pas catholique. C’est une façon de faire découvrir la messe au Couvent des Carmes.
12h30 : Déjeuner. Comme pour le petit-déjeuner, on aide à mettre la table, puis à faire le nettoyage. C’est le moment de rencontrer et de mieux connaître d’autres personnes venues ici, invités à réfléchir sur les mêmes thèmes. C’est incroyable la pluralité de personnes différentes, venues parfois presque par obligation, d’autres par choix, certaines venant des beaux quartiers de Paris, d’autres d’un village d’Île-de-France, d’autres plutôt avantagés économiquement, d’autres non…
14h15 : Conférence. Toujours sur un thème différent.
15h15 : Questionnaire sur la conférence. On y répond, comme les autres, à l’endroit de notre choix dans le couvent. Certains iront dans leur chambre, d’autres dans le petit parc…
17h00 : Conférence.
18h15 : Vêpres. Comme les Laudes, mais en début de soirée. On vient faire une prière ou deux à la Chapelle, on chante.
18h40 : Questionnaire. Si vous comptez, ça nous fait trois conférences sur une journée, toutes accompagnées du questionnaire respectif. On est là pour ça, pour assister au cycle de conférences, puis y réfléchir.
19h30 : Dîner.
20h30 : On regarde un film, qui aborde le sujet principal de la réflexion du week-end, suivi d’une discussion. On peut aller dormir, la journée du lendemain commence tôt : il faut se lever à 7h pour être prêts pour les Laudes de 8.
J’ai un peu eu l’impression de retrouver mes temps de Fac, avec ces conférences données presque de la même façon, questionnaire en plus, avec une vie de groupe très rythmée. Les chambres sont spartiates mais ont l’essentiel, les douches sont au bout du couloir.
Pour ma part, ce week-end m’a fait beaucoup de bien. Une coupure nette avec la routine, dédiée uniquement à la réflexion. Je ne regrette pas d’avoir vu le feuillet expliquant ce qu’était le Centre Spirituel, et avoir été attiré pour tenter l’expérience, rien ne m’y obligeait. Je peux le dire : j’ai un peu vécu comme un moine, le temps d’un week-end.
Infos Utiles
- Page du couvent sur le site officiel de la ville d’Avon
- Le Couvent des Carmes d’Avon sur le site du Carmel
- Le Couvent des Carmes d’Avon sur le site du Carmel parisien
- Site officiel du Couvent des Carmes : Centre Spirituel d’Avon-Fontainebleu
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