Cathédrale Saint-Lazare d’Autun
La cathédrale, visible à des kilomètres à la ronde, domine la ville. Elle est un chef d'oeuvre du savoir-faire des bourguignons du Moyen-Âge.
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Chaque ville de France avec un peu d’histoire a sa cathédrale, magnifique, défiant les âges et dominant le paysage. La ville d’Autun en Saône-et-Loire, dont la fondation remonte à l’Antiquité ne fait évidemment pas exception, et la Cathédrale Saint-Lazare est un chef d’œuvre du patrimoine architectural bourguignon, comme d’habitude aurait-on envie de dire dès que l’on parle d’église monumentale. Sous ce faux air blasé, je ne peux m’empêcher néanmoins de rester admiratif face à cet édifice majestueux, visible à des kilomètres à la ronde, qui reste un monument historique majeur de cette ville de Bourgogne, pourtant très bien dotée dans ce chapitre.
Histoire d’Autun
Autun est une création artificielle romaine, œuvre de l’empereur Auguste. La ville porte d’ailleurs son nom, Augustodunum. Cette ville était à l’origine un cadeau fait au peuple gaulois des éduens, habitant l’oppidum de Bibracte, à quelques kilomètres de là. Le Christianisme arrive à Autun à la fin du IIe siècle, apporté par des marchands grecs, qui en profitaient pour faire des affaires et porter la bonne parole, comme Jésus enseigna à ses disciples. Les premiers temps des chrétiens seront difficiles, comme dans le reste de l’Empire Romain, avec les persécutions bien connues des pouvoirs romains. Il faut savoir que ce qui gênait l’administration, qui avait pourtant toujours été très tolérante envers les différentes religions de l’Empire, ce n’était pas tant leur Foi, mais plutôt leur intransigeance, qui perturbait l’ordre public établi. Un peu à la manière des fanatiques religieux de notre époque, en quelque sorte.
Cathédrale Saint-Nazaire
La première cathédrale d’Autun, la Cathédrale Saint-Nazaire d’Autun, existe depuis au moins l’an 532. Détruite en 731 par les Sarrazins, elle sera reconstruite, mais jamais terminée. Cette église romane fut ainsi toujours en perpétuelle construction, et ne sera jamais finie, jusqu’au jour de sa démolition finale, en 1783. Si elle avait été terminée, elle aurait pu être une des plus belles de France, parait-il. Ce qui est sûr, c’est qu’elle ne put résister à la concurrence de la « nouvelle » église d’Autun toute proche, qui prit finalement sa place de cathédrale d’Autun, la Cathédrale Saint-Lazare. Seul subsiste aujourd’hui de l’ancien monument la Chapelle Saint-Aubain. Cette « négligence » des chanoines de l’époque envers cette ancienne cathédrale, qu’ils démolirent, se reflétait également dans la Cathédrale Saint-Lazare, qu’ils trouvaient laide, trop « romane » à leur goût : ils détruisirent une œuvre majeure de la sculpture romane, le mausolée de Saint-Lazare, et firent disparaître les sculptures des porches.
Construction de la cathédrale
L’actuelle cathédrale Saint-Lazare fut construite au XIIe siècle, assez rapidement pour l’époque : commencée aux alentours de 1120 sur décision de l’évêque d’Autun Etienne de Bâgé, elle sera terminée en 1146. L’objectif premier de cette nouvelle construction était de remettre à l’honneur les reliques de Saint-Lazare, venues de Marseille au Xe siècle. Le pape Calliste II, qui était venu passer des vacances à Autun près de sa sœur, encouragea ce nouveau projet, qui devait remettre Autun sur la carte des pèlerinages. En 1195, l’église Saint-Lazare deviendra cathédrale, partageant ce rang avec la cathédrale Saint-Nazaire. On s’est arrangés à l’époque, et le titre de « cathédrale » tournait alternativement entre les deux églises : à partir de la Toussaint, Saint-Lazare est cathédrale d’Autun, à partir de Pâques, c’est Saint-Nazaire.
Elle sera construite comme presque toute église en Bourgogne, dans le style roman, sur le modèle de Cluny, la célèbre abbaye bourguignonne. La principale source d’inspiration de son architecture vient de la basilique de Paray le Monial, qui servira à nouveau de modèle lors de la reconstruction des tours de la façade, au XIXe siècle, sous la direction de Viollet-le-Duc. L’église romane connaitra plusieurs remaniements, fruit des changements de goûts des chanoines ou des nécessaires restaurations de l’édifice. A la fin du XIIIe siècle, on dut construire des arcs-boutants pour éviter que l’édifice ne tombe en ruine. En 1469, à la suite d’un violent orage, la tour romane s’effondra, et il fallu reconstruire une flèche, désormais haute de 80m. Les chapelles latérales furent construites le long du XVe et XVIe siècles.
Au XVIIIe siècle, les chanoines causèrent plus de dégâts à l’église que l’orage de 1469 : avec la destruction du mausolée, le tombeau de Saint-Lazare en 1766 et du tympan latéral, ce furent des siècles d’Art Roman qui furent emportés par l’ignorance des hommes, il ne nous reste plus qu’aujourd’hui qu’un fragment de ce tympan latéral, représentant Ève. Mais parfois, ceci peut avoir du bon : les chanoines avaient recouvert de plâtre le tympan principal, ce qui permit sans doute au tympan d’échapper aux déprédations de la Révolution Française.
Gislebertus
Les deux tympans de l’église furent sculptés par l’artiste Gislebertus, l’un des rares artistes du Moyen-âge à avoir laissé son nom sur son œuvre. Du tympan latéral, on le sait, il ne reste plus que quelques fragments, dont l’extraordinaire Ève Couchée, fragment de la Tentation d’Eve. Mais le tympan du Jugement Dernier est là, intact, s’offrant à nous juste au dessus de la porte principale de la façade. Les sculptures de l’église sont marquantes, fines, expressives. Les chapiteaux sont de toute beauté ! De beaux exemplaires, finement travaillés, sont exposés dans la salle capitulaire, à laquelle on accède après avoir gravi un étroit escalier à vis. L’œuvre de Gislebertus est extraordinairement expressive, c’est pratiquement une bande-dessinée que nous avons sous les yeux ! Et heureusement, car la plupart des fidèles allant à la messe ne savaient pas lire, les images véhiculées par les sculptures pouvaient ainsi, grâce à leur expressivité, véhiculer une émotion. Ce n’est que par chance que nous avons retrouvé ces sculptures. Le fragment de la Tentation d’Eve fut retrouvé dans un pan de mur d’une maison en cours de rénovation, le tympan du Jugement Dernier n’étant lui dégagé qu’en 1837. Il faut aller au Musée Rolin, tout proche, pour admirer les fragments restants des œuvres sculpturales de Gislebertus.
Autant l’intérieur du bâtiment dispose d’une grande unité architecturale, grâce à sa rapide construction au XIIe siècle, autant l’extérieur lui, semble plus éclectique. Ce qui frappe le plus, ce sont ces toits en tuile vernissée de Bourgogne, typiques de la région. Ce sont des tuiles plates, de plusieurs couleurs, disposées de façon à créer des motifs, qui sont du plus bel effet sur les toits pointus de la cathédrale d’Autun, la rendant reconnaissable entre toutes.
Photos de la Cathédrale d’Autun
Infos Utiles
Monuments romains d’Augustodunum, actuelle Autun
La ville d’Autun, déformation d’Augustodunum, porte le nom de son fondateur, le premier empereur romain, Auguste.