Le Blanc, petite ville française de l'Indre, sur la Creuse

Le Blanc, petite ville française de l’Indre, sur la Creuse

Quand on vous dit "la Creuse" en France, on pense directement le bled paumé au fin fond de la province, de la campagne. Un désert peuplé de vaches, avec quelques paysans et aucune activité économique.

Qu’est ce qu’on peut-être bête quand on pense que la campagne ou les petites villes sont complètement sans intérêt, sans activité ou sans événements culturels ! Ce genre d’image est encore malheureusement trop présente dans nos esprits de personnes venant de grosses villes, et s’assimile quasiment à de la diffamation. Moi, j’ai découvert une chouette petite ville traversée par la Creuse, un affluent de la Vienne, elle même un affluent de la Loire. C’est Le Blanc, une ville située dans le département de l’Indre, région traditionnelle du Berry.

Le Blanc, vue panoramique sur la Ville Basse

 

Le Blanc, vue panoramique sur la Ville Basse

Grande Rue, avec ses anciennes portes médiévales

 

Grande Rue, avec ses anciennes portes médiévales

Une petite ville

Nous sommes ici dans ce qu’un parisien « simplet » ou un élu démago de droite « profonde » nomme de « France des terroirs« . Il y en a un peu assez de ces expressions visant à opposer les français entre eux, visant à séparer clairement les banlieues des grandes villes des petites villes de « province ». Dans une petite ville, on travaille aussi, et pas forcément uniquement dans la confection d’un pâté en croûte ou, pour faire local, du Pouligny Saint-Pierre, très bon fromage de chèvre au demeurant. Ce qu’il y a de bien dans ces petites villes que j’affectionne, en bon parigot, c’est un certain art de vivre, mélange de calme et de nature, qu’on ne peut pas retrouver dans une métropole où les gens sont entassés par millions dans un espace confiné. En fait, les petites villes sont les structures urbaines les mieux adaptées aux personnes, où tout est à échelle humaine. Non, on ne va pas faire une heure de RER pour aller au boulot, non on ne fait pas la queue pendant une heure pour payer ses courses et oui, je peux croiser des gens dans la rue qui me connaissent assez souvent.

Rue principale de la ville

 

Rue principale de la ville

Les trottoirs sont étroits

 

Les trottoirs sont étroits

Ville où vivre?

A la recherche de l’endroit idéal pour vivre, toujours, c’est en visitant une ville comme Le Blanc qu’on se dit que c’est presque la taille idéale. Assez grande pour avoir un hôpital, mais pas assez pour avoir une gare, ce qui est un mauvais point à notre avis. Idéalement, il faudrait habiter à la campagne, dans une maison individuelle, mais proche d’une ville reliée un minimum aux grands axes de transports. Ici, nous sommes loin d’une gare TGV, loin d’un aéroport. Mais est-ce vraiment un mal, si on a besoin de bouger qu’une ou deux fois par an de son lieu d’habitation? Peut-être que c’est la vie culturelle qui peut manquer, ou le manque d’opportunités, mais sincèrement, la faute à qui?

Château Naillac

 

Château Naillac

Le château a été plusieurs fois remanié

 

Le château a été plusieurs fois remanié

J’ai envie de dire que c’est la faute à Paris, qui fait comme un trou noir, absorbant tout. Ici, nous sommes dans la moitié ouest de la France, loin des trois plus grandes villes que sont Paris, Lyon et Marseille. La vie dans une petite ville de province serait plus simple si une grande métropole se trouvait à proximité, disons 100 kms, Mais ce n’est pas le cas. En regardant un pays décentralisé comme l’Allemagne, où les très grandes villes sont éparpillées un peu partout sur le territoire, on comprend pourquoi eux ont une meilleure qualité de vie!  Mais c’est peut-être ça aussi qui préserve finalement nos petites villes, qui sont comme figées. Si on regarde les chiffres selon Wikipedia, on remarque que la population du Blanc ne cesse de baisser depuis 1975 : on passe de 8000 habitants à un peu moins de 7000 en 2007.

Fenêtres du Château Naillac

 

Fenêtres du Château Naillac

Petit bois en descendant du château

 

Petit bois en descendant du château

Désertification des petites villes de campagne

Dans une France avec une population qui grandit, qui a du mal à trouver des logements pour tout le monde et la conséquente augmentation des prix de l’immobilier, des villes et des villages, loin des métropoles, souffrent. Un maire d’un village du sud de l’Italie a trouvé une solution, qui aurait peut-être pu s’appliquer en France : ce maire a décidé d’accueillir des réfugiés étrangers. Ils refont vivre le village déserté par les nationaux, ce qui a permis de rouvrir l’école et de refaire vivre les petits commerces. Quand j’entends dire qu’il n’y a plus de place en France pour les étrangers en France, c’est faux : on est juste trop mal répartis sur le territoire français.

La Creuse coupe la ville en deux

 

La Creuse coupe la ville en deux

Maisons de ville

 

Maisons de ville

Nature et Creuse

Le climat de la région est doux et océanique, avec une nature accueillante, de nombreux arbres et des terres agricoles. La Creuse est un cours d’eau magnifique, les amoureux de la nature sont ici comblés. Les routes sont bonnes, il ne manque rien. Rien, à part de grands pôles d’emploi inexistants. Inexistants parce qu’il y a un manque de transports efficaces, comme le train, et de toute façon nous sommes trop loin d’une grande ville comme je l’ai expliqué. Quand on pense qu’il existe de grandes villes beaucoup plus peuplées alors que le climat y est beaucoup plus hostile… on a de la place encore en France!

Une rue banale dans la ville du Blanc

 

Une rue banale dans la ville du Blanc

Petite place, et ses feuilles mortes tombées des arbres

 

Petite place, et ses feuilles mortes tombées des arbres

Histoire du Blanc

Parlons un peu de cette ville, au lieu de nous plaindre, peut-être comprendrez-vous un peu mieux cette frustration de ma part, que vous avez peut-être décelé entre les lignes. Le Blanc a son origine – à ce qu’il parait – liée à la présence d’un passage pour traverser la Creuse. C’est la Creuse qui partage la ville en deux parties bien distinctes, la Ville Haute, la plus ancienne, et la Ville Basse. Tandis que la Ville Basse appartenait au Berry, la Ville Haute était coupée entre le Berry et le Poitou. Ce n’était pas simple d’administrer une ville si morcelée, avec le Château Naillac du coté berrichon, et le Château du Donjon ( ou Château des Hautes-Tours ?), coté poitevin, ce dernier n’existant malheureusement plus. Chaque partie de cette ville a été construite autour de leurs églises respectives. La Ville Basse a son église Saint-Génitour, la Ville Haute a son église romane de Saint-Cyran, près du Château Naillac.

On prend les escaliers pour monter à l'église et au Château Naillac

 

On prend les escaliers pour monter à l’église et au Château Naillac

Comme dans toutes les petites villes de France, les rues sont très souvent étroites

 

Comme dans toutes les petites villes de France, les rues sont très souvent étroites

Le Blanc est d’un peuplement très ancien, personne ne connait vraiment l’origine du nom, mais c’est sûr, ça n’a rien à voir avec la couleur! La ville était déjà traversée par une route romaine, un important axe de communication à l’époque entre Bourges et Poitiers. En 1530, le pont qui reliait les deux rives de la Creuse fut emporté par une crue, et il ne sera pas reconstruit. Il faudra attendre trois siècles pour qu’à nouveau, un pont relie les deux parties de la ville.

Une maison typique de la région

 

Une maison typique de la région

Le seul pont de la ville permettant de traverser La Creuse

 

Le seul pont de la ville permettant de traverser La Creuse

Nature ou ville?

A ceux qui insistent pour dire que Le Blanc est un endroit paumé et qu’ils ne pourront jamais vivre ailleurs que dans une grande ville, je demande : préférez-vous boire un pot dans un café ou faire du kayak? Préférez-vous voir un chanteur en concert avec 10 000 autres personnes ou faire une randonnée? Préférez-vous visiter un musée d’Art Contemporain avec 78 autres personnes qui essaient de regarder le même tableau que vous, ou vous asseoir dans une ancienne église et admirer le bâti? Je pense que le plus grand fléau de notre temps, c’est finalement la Mode, et ce lavage des cerveaux ambiant, qui « oblige » quelqu’un à faire comme les autres sinon il est « hors du coup ». Et bien vous savez quoi? Je m’en fiche d’être hors du coup! J’aime les musées, j’aime les concerts, j’aime les cafés pour bobos, mais tout cela est à consommer avec modération. Une randonnée en plein air, une vue superbe de ma fenêtre à chaque instant, c’est autre chose, et c’est gratuit.

Toits en tuiles plates

 

Toits en tuiles plates

Vieille maison de ville à l'abandon

 

Vieille maison de ville à l’abandon

Pourquoi je ne déménage pas demain de Paris vers Le Blanc? Ce n’est même pas une question d’emploi, mais juste une question de famille, qui serait beaucoup trop loin. Et il manque une chose, que je recherche : le soleil, mais c’est une autre histoire, j’ai été mal habitué :) !

Photos du Blanc, en Indre

Jolies petites maisons

 

IJolies petites maisons

Nous sommes en Automne

 

Nous sommes en Automne

Monuments aux morts du Blanc

 

Monuments aux morts du Blanc

L'Hôtel de Ville

 

L’Hôtel de Ville

Un ancien garage automobile, comme on peut le voir inscrit sur la façade de l'immeuble

 

Un ancien garage automobile, comme on peut le voir inscrit sur la façade de l’immeuble

Les toits sont parfois très pointus, comme c'est le cas pour cette maison en pierre

 

Les toits sont parfois très pointus, comme c’est le cas pour cette maison en pierre

La ville est construite sur une colline, d'où les escaliers entre les maisons

 

La ville est construite sur une colline, d’où les escaliers entre les maisons

La décoration date de 1622, selon l'inscription

 

La décoration date de 1622, selon l’inscription

Les fenêtres et les portes sont peintes en bleu, comme ailleurs dans le Berry

 

Les fenêtres et les portes sont peintes en bleu, comme ailleurs dans le Berry

Détail de la décoration de pierre d'une porte

 

Détail de la décoration de pierre d’une porte

A droite, arbre des métiers de la Ville Haute

 

A droite, arbre des métiers de la Ville Haute


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